Tout indiquait leur déclin. Depuis des décennies, l'influence des intellectuels dans le débat politique battait de l'aile. Elle se mesurait aux liens directs qu'ils entretenaient avec les hommes de pouvoir, auxquels ils apportaient éventuellement leur soutien ou au contraire, criblaient de vives critiques. Plus rien ne devait ressembler à l'image très frappante de ce jour de juin 1979 où Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, flanqués d'André Glucksmann, se rendirent en délégation à l'Elysée pour plaider, à juste raison, la cause des boat people vietnamiens.

Le philosophe Alain Finkielkraut revient à ses premières amours : la littérature. Avec Un Coeur intelligent, il renouvelle le genre de l'analyse littéraire. Il y commente de manière très personnelle neuf romans de sa bibliothèque idéale : des livres de Camus, Roth, Grossman, Dostoïevski, James, Haffner, Kundera, Blixen, et Conrad.

Le favori de la présidentielle et le philosophe star ont deux visions de l'identité de la France : "heureuse" chez l'un, "malheureuse" chez l'autre. "Le Point" les a réunis.

Visionnaire pour les uns, réactionnaire pour les autres, ce ″mécontemporain″ sait se faire des ennemis, qu'il dénonce la crise de l'école ou de l'intégration. Mais c'est aussi un philosophe rigoureux pour qui le concept n'est rien sans l'affect. Nous l'avons rencontré à l'occasion de la sortie de son dernier livre ″L'Identité malheureuse″.

Faut-il sévir contre les élèves qui insultent leurs professeurs ? Interdire la prostitution et la pronographie à la télévision ? Le fait que ces questions soient à l'ordre du jour montre que le vent a tourné. Notre société semble vouloir revenir aux valeurs que Mai 68 avait cru pouvoir balayer d'un slogan : "Il est interdit d'interdire".

La parution de "L'Identité malheureuse" (Stock), à l'automne dernier, a rencontré un grand écho auprès des lecteurs. De toute évidence, Alain Finkielkraut pointait avec force une question devenue centrale dans le débat public. La question de l'identité est passionnelle, comme frappée de malédiction dans un pays comme la France qui a pourtant longtemps bénéficié d'une identité heureuse. Pourquoi cet abcès ? Pourquoi cette question est-elle devenue impossible ? C'est ce que nous avons voulu savoir dans cet entretien.

Cet entretien a été réalisé le 24 avril 2010 pour l'émission Répliques d'Alain Finkielkraut sur France Culture. Il est consacré à la lecture que donne Fabrice Luchini au théâtre de l'Atelier à Paris de textes de l'essayiste et romancier Philippe Muray décédé en mars 2006. Se situant, comme il l'a dit, quelque part entre Hegel et Desproges, Muray décrit notre époque comme celle de la festivation généralisée et de l'engloutissement de l'ancien monde historique dans le trou noir de l'hyperfestif.

Dans ce dialogue radiophonique de 1988, les deux historiens confrontaient leur interprétation de la fin de l'empire austro-hongrois. A travers celle-ci, c'est l'idée de l'Europe qui était en jeu à la veille même de l'effondrement du bloc soviétique : les héritages des guerres et des idéologies, les relations entre Etats-nations et systèmes fédéraux ou impériaux, l'influence des grandes puissances sur l'Europe centrale.

Certains lui reprochent d'être trop médiatique et de côtoyer les riches et les puissants. Bernard-Henri Lévy aurait pu basculer chez Sarkozy, comme certaines personnalités les plus emblématiques de l'opposition.

Réunis pour la première fois dans la presse, l'auteur d'Un coeur intelligent et celui d'Eloge de l'amour débattent de l'identité nationale, de la politique sarkozyste et d'Israël.