R. Debray offre une réflexion sur la fraternité et étudie la manière dont les liens entre les individus se créent et se détériorent.

4ème de couv. "La fraternité est un sentiment, une idée, une vertu et un idéal : elle est croyance autant que valeur. Mieux elle anime et synthétise la devise républicaine française depuis 1848, ce qui lui confère le poids d'une norme. Invoquée et convoquée pendant les grandes convulsions politiques et sociales et dans les moments de détresse, elle est aussi porteuse de grands enthousiasmes. Elle fonde un vouloir-vivre ensemble qui définit un horizon d'attente possible du social. Elle crée du droit, censé réguler l'âpreté des relations entre les hommes. Mais elle a aussi sa part d'ombre : en créant les conditions de la défense du groupe contre les agressions de celui qu'elle désigne comme son ennemi, elle exclut ceux qui ne sont pas frères. Elle a besoin de la menace pour exister et pour survivre ; elle suppose une patrie commune. L'étonnante polysémie de cette valeur constitue l'objet de ce recueil d'articles, rédigé par une équipe de chercheurs en sciences sociales et humaines qui, à partir de leurs disciplines respectives - l'histoire, la philosophie, le droit, la littérature, la géographie -, ont tenté d'éclaircir une réalité opaque qui a traversé, de manière diffuse, les époques et les différents champs de la société jusqu'à nos jours."

Une esquisse de la nouvelle utopie du siècle à venir, la fraternité qui seule pourra rendre compatible les deux utopies des siècles précédents à savoir la liberté et l'égalité. A l'instar de ces dernières, la fraternité pourra conduire au meilleur (conciliation de la démocratie et du marché, nouvelles solidarités, prédilection pour le réseau) comme au pire (sectes, penseurs de pacotille).

A partir d'une argumentation établie, la fraternité maçonnique est présentée à la fois comme un mythe fondateur et une réalité initiatique. Elle est abordée tout à tour comme une réalité anthropologique, comme rêve humain et comme initiation maçonnique. ©Electre 2016

Liberté, égalité, fraternité : Les trois marches du perron suprême, disait Victor Hugo. Peut-on encore accéder à la marche d'en haut sans retomber dans la terreur ou bien dans la niaiserie ? Et comment, au royaume morcelé du moi-je, retrouver le sens et la force du nous ? C'est ce défi, peut-être le plus crucial de notre temps, que Régis Debray s'emploie à relever dans ce livre. Un nous durable faisant toujours référence à une sacralité, séculière ou révélée, il se demande d'abord ce que sacré veut dire, concrètement ; et les droits de l'homme se donnant comme l'expression contemporaine de la solidarité humaine, il ose examiner ce que cette nouvelle religion civile nous fait faire, actuellement. Ce pénible devoir accompli, Régis Debray dégage les voies d'accès à une fraternité sans phrases, qui puissent en faire autre chose qu'un fumigène : un labeur de chaque jour. Dans la conviction que l'économie seule ne fera jamais une société.