Et si le monde actuel n'était pas une fatalité ? Embourbée dans des problèmes sociaux, économiques, écologiques, la société semble aller droit dans le mur et les politiques peinent à redresser la barre. Pourtant, des solutions existent, défendues par des citoyens et experts en leur domaine. Dans la finance, la représentation sociale des salariés, la fiscalité, certains se battent pour que le système évolue et tende vers plus de justice et d'équité. Sommaire. Vivre mieux, c'est possible ! Une taxe carbone juste. Limiter les loyers abusifs. Un impôt commun sur les bénéfices. Un revenu maximal.

La dernière édition de l'Observatoire des inégalités dresse le portrait d'une France de l'insécurité sociale, terreau d'un malaise qui grandit, à l'origine de la colère des gilets jaunes.

Professeur émérite de sociologie à l'université de Bordeaux, auteur de plus de 40 ouvrages, François Dubet suit depuis longtemps et de près les évolutions de la société française. Dans son dernier livre, "Le temps des passions tristes. Inagalités et populisme", publié en mars 2019 par La République des idées-Le Seuil, il montre que les inégalités se sont à la fois multipliées et individualisées. Plus que le niveau des inégalités qui a explosé, du moins en France, c'est l'expérience que les gens en ont qui a changé et qui s'est singularisée.

Economiste le plus célèbre de sa génération, le Français Thomas Piketty a publié en 2019 son nouvel ouvrage, "Capital et idéologie". Il y critique l'évolution de la social-démocratie, qui a abandonné les moins favorisés au profit des plus diplômés, faisant ainsi les affaires du capitalisme et creusant les inégalités. Il prône un "socialisme participatif", qui dépasserait le capitalisme actuel, grâce à plusieurs éléments clés : plus de pouvoir donner aux salariés, refonte de la politique fiscale, hausse des investissements dans l'éducation, etc.

Violemment réprimé, le vaste mouvement en faveur de la justice sociale qui secoue le « bon élève » de l'Amérique du Sud remet en cause trente ans de politiques inégalitaires.

Philosophe et sociologue, directrice de l'Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (Irisso), Dominique Méda est l'autrice de nombreux ouvrages sur la place du travail dans nos sociétés, l'égalité femmes-hommes, le modèle social français ou la mesure de la richesse. Elle vient de codiriger, avec Sarah Abdelnour, "Les nouveaux travailleurs des applis" (PUF-La vie des idées, 2019).

Inégalités, niveaux de vie, pouvoir de l'Etat... Dans un nouvel essai percutant et polémique, Emmanuel Todd analyse la France des "gilets jaunes" et d'Emmanuel Macron.

Le prix Nobel d'économie Paul Krugman publie "Lutter contre les zombies. Ces idées qui détruisent l'Amérique". "L'Obs, l'a rencontré à New York. Il parle de Trump, des inégalités et de l'Europe...

Dans "Le triomphe de l'injustice", coécrit avec Emmanuel Saez, Gabriel Zucman dénonce l'iniquité des systèmes d'imposition dans les pays riches et propose des pistes de réforme ambitieuses. Entretien.

Auteur de très nombreuses recherches, Bernard Lahire est professeur de sociologie à l'Ecole normale supérieure de Lyon (ENS, Centre Max Weber) et membre senior de l'Institut universitaire de France. Il travaille depuis longtemps sur la question de la réussite scolaire des enfants de milieux populaires et sur la construction de l'illettrisme comme "problème social". Il vient de diriger une grande enquête intitulée "Enfances de classe. De l'inégalité parmi les enfants", parue aux éditions du Seuil à l'automne 2019.

L'économiste Gabriel Zucman publie avec Emmanuel Saez "Le Triomphe de l'injustice" qui montre comment la politique fiscale a creusé les inégalités aux Etats-Unis. Entretien

En 1980, les 1% des plus riches Etats-uniens détenaient 10% du revenu national avant impôts et transferts sociaux, contre 20 % pour les 50 % les plus pauvres de la population. En 2018, c'est tout l'inverse, détaillent les deux économistes Emmanuel Saez et Gabriel Zucman.