Affaibli par l'élection de Vitrolles et le débat sur la loi Debré, le premier secrétaire du PS vient de passer son mois le plus difficile. Avec la présentation de son projet économique et social, il veut prendre l'initiative face à Chirac.

Le patron du Ps ne regrette rien. Il n'a pas participé à la manifestation de samedi dernier à la République pour "ne pas marquer la rupture entre les élites et le peuple". Mais n'a-t-il pas pris le risque de rompre avec ses électeurs ?

Plus encore que la perspective d'une éventuelle cohabitation en 1998, c'est le redémarrage du PS et sa propre position à la tête de la gauche qui donnent des ailes au chef de l'opposition.

C'est sur la tombe de Gaston Defferre, dont on célébrait à Marseille le dixième anniversaire de sa mort, que les deux héritiers ennemis de Mitterrand ont scellé leur réconciliation.

Avant de convaincre les Français de rompre avec la politique du gouvernement Juppé, Lionel Jospin a dû batailler au sein de son parti pour faire adopter ses propositions...

S'est-il trop engagé dans le refus des réformes proposées par Juppé ? Ou, au contraire, ne soutient-il pas assez le mouvement syndical ? Le numéro un du PS répond à ces critiques et explique pourquoi la renonciation au plan Juppé et l'ouverture de négociations constituent la seule solution raisonnable.

Plus encore que l'approbation du plan Juppé par un socialiste, ce qui a agacé le patron du PS, c'est le flirt - très rocardien - de l'un des siens avec les centristes.

Il s'était accordé un an pour mettre de l'ordre au PS et redonner forme à la gauche avant les législatives. Le tête-à-queue de l'attelage Chirac-Juppé l'oblige à revoir son calendrier.

L'ascension de Monsieur 47% donne si peu de prise à ses adversaires que celui-ci peut se donner les gants d'appeler à la paix des braves...

Les éléphants sont muets, et la droite cacophonique. Les débats sur la rénovation du PS et la polémique sur l'interdiction de la mendicité sont esquivés. Le nouveau patron de la gauche devrait en profiter.

Pour conquérir le PS, Monsieur 47% n'a pas eu à se battre. Mais, face à ses adversaires d'hier, il lui reste à prouver qu'il est capable de mener le combat de la refondation.