Le candidat du FN embrasse Sarkozy pour mieux l'étouffer. Enjeu : des centaines de milliers d'électeurs qui hésitent entre eux deux.

Persuadé, depuis 2002, que son fonds de commerce électoral était inattaquable, le président du FN s'est laissé dépouiller par Sarkozy, qui chassait sur ses terres séculaires.

Il a grandi sous Mitterand et prospéré sous Chirac. Il a brouillé toutes les pistes, siphonnant l'électorat populaire de la gauche tout en affolant les stratèges de la droite.

Sorti de la marginalité il y a trente ans, le FN a engrangé les succès en 2014 : il a enlevé 11 mairies aux municipales et décroché la pole position aux européennes avec 25% des voix. La menace Marine Le Pen plane sur 2017.

Pour le parti d'extrême droite, le temps est au beau fixe, mais l'orage gronde au sein du clan. Entre Jean-Marie, le fondateur, Marine, l'héritière, et Marion, la petite-fille, l'heure est aux règlements de comptes...

Créé en octobre 1972, le Front national puise ses origines dans le terreau du « nationalisme révolutionnaire », idéologie portée par les jeunes néofascistes du mouvement Ordre nouveau. Au sein des extrêmes droites françaises, Jean-Marie Le Pen représente alors une tendance plus « modérée ». Il est pourtant l'homme que les militants d'Ordre nouveau vont choisir pour présider le Front national. Le chemin parcouru en commun sera de courte durée, Le Pen restant à l'arrivée seul maître à bord.

Ce n'est pas l'effondrement, mais l'effritement est évident. La scission Le Pen-Mégret a provoqué un recul de l'extrême-droite française que seuls les numéros deux du FN et du MNR jugent provisoire.

A son père, elle doit tout : il l'a initiée à la politique, promue à la direction, avant de lui donner les clés du Front national. Marine Le Pen est-elle simplement sa doublure ? Ou une femme de pouvoir, condamnée pour réaliser son ambition à tuer ce père qui est à la fois son héros et son fardeau ?

Dans un parti désormais taillé pour sa fille, le président d'honneur du FN se trouve de plus en plus isolé. A la veille du congrès, nombre de dirigeants souhaitent même que son parcours politique s'arrête là. Mais le vieux chef, lui, n'est pas prêt à s'effacer.

Désavoué et marginalisé à la direction du FN, Jean-Marie Le Pen ressasse son ressentiment à l'endroit de sa fille, Marine. A 86 ans, le vieil homme est amer. Confession.