Un an après l'attaque contre les dessinateurs de l'hebdomadaire satirique, le monde n'est plus aussi Charlie. Rares sont les voix qui s'élèvent pour défendre la liberté de caricaturer, le droit au second degré et au mauvais goût. Une partie de la presse étrangère plaide pour le respect, la sanctuarisation des sujets religieux, voire l'autocensure. Un comble, alors que dans le reste du monde, du Caire à Istanbul, en passant par Belgrade, Bucarest ou Copenhague, la liberté d'expression recule, mise à mal par de nouvelles lois, la violence, mais aussi les progrès de la technologie. Sommaire.

Du Venezuela à l'Egypte, d'Istanbul au Cameroun, de Bakou à Pékin, on fait taire de plus en plus les voix dissonantes et les crayons trop libres. Face à cet éteignoir, Amnesty International tire le signal d'alarme en organisant l'opération "10 jours pour signer". "Courrier International" s'associe à cette initiative en publiant un dossier consacré aux menaces qui pèsent sur les libertés civiles dans le monde. Sommaire. Russie : "Nos droits subissent une attaque en règle". Amnistie pour Snowden !. Maghreb : vous avez dit "homosexuels" ?. Burundi : les médias comme arme de résistance.

Peut-on tout dire ? Tout dessiner ? La question ne cesse de revenir au coeur du débat public. Sur les réseaux sociaux ou au comptoir, certains hurlent à la censure, au retour d'Anastasie et de ses ciseaux, et dénoncent une liberté d'expression à deux vitesses. "On ne peut plus rien dire", s'indignent ceux qui voudraient pouvoir tout énoncer, même l'inacceptable. Pourtant, en France, la parole a rarement été si libre. Fabrice Erre et Terreur Graphique reviennent sur l'histoire de cette liberté fragile, chèrement acquise et aux contours parfois flous.

"Peut-on rire de tout ?" demandait Pierre Desproges en 1982 dans son costume de procureur du "Tribunal des flagrants délires". "Et peut-on rire avec tout le monde ?" Prophétique, il poursuivait : "près d'un terroriste hystérique, je pouffe à peine". Rire de tout, oui. Mais pas avec n'importe qui, semblait-il répondre parfois pour justifier le pire. Les attentats du 7 janvier 2015, les "Je suis Charlie" et leur cohorte de "mais" ont reposé la question de la caricature si chère aux deux acolytes de cette chronique. La satire peut-elle être éthique, bienveillante ?

Trois mois après le terrible attentat au journal satirique "Charlie Hebdo", le débat sur le droit de rire des religions est plus que jamais d'actualité.

Sous couvert d'humour, jusqu'où peut-on offenser les croyances d'autrui ? Cette question était au coeur d'un colloque à Paris.