La guerre a donné des ailes à Chirac. Au point que ses partisans parient déjà sur une défection de son challenger.

Un pas en avant, un pas en arrière... Des fleurs pour le préfet, des cactus pour Jospin et son cabinet : l'ancien ministre n'a pas oublié, dans le prétoire, qu'il est candidat à la présidentielle.

L'élu de son coeur pour Matignon, en cas de succès en avril prochain : Juppé, bien sûr ! Mais puisqu'il y aurait apparemment trop d'obstacles à ce choix - à commencer par le nom de Juppé lui-même -, le président de la République serait amené à choisir... le moins mauvais.

Malgré l'"avantage présidentiel", Chirac devance à peine Jospin (51-49). C'est dire si l'élection se jouera au finish. Les handicaps de chacun - notre sondage le prouve - sont dans la manière des deux candidats : Chirac, qui a trop bien "tué" ses rivaux, risque de manquer de bras au second tour.

En prenant conscience de la mauvaise image de certains de ses thuriféraires et en attaquant Chirac bille en tête, le "Che" se replace dans une perspective de retour aux origines.

Pour réduire la coupure entre les "élites" et les acteurs locaux, pour sauver les retraites ou améliorer la justice sociale, le père de la semaine de quatre jours fait des propositions décapantes...

Sa stratégie est prête. Mais il ne l'a révélée à personne. Seule consigne donnée à ses proches : affaiblir Jospin en l'accusant de vouloir détruire l'Etat.

De l'ex-communiste Catherine Clément au gaulliste Jean Dutourd et à l'ancien guévariste Régis Debray, du romancier Dominique Noguez au psychiatre Tobie Nathan et à l'historien d'art Jean Clair, maints intellectuels français militent pour Chevènement.

Le Premier ministre en était sûr : "Si Jean-Pierre est candidat, il fera 2%." Aujourd'hui, le "Che" a franchi la barre des 10%.

Le chef de l'Etat s'est décidé de si mauvais coeur à avancer l'annonce de sa candidature et à déclarer sa "passion" qu'il a été presque inaudible.

Les candidats à l'élection présidentielle s'apprêtent à batailler sur un nouveau terrain : internet.

Préjugé favorable mais déficit affectif pour Jospin, surtout au sein de l'électorat féminin. Un diagnostic encore réservé, mais qui permet au challenger de mieux cibler sa campagne.