Un Raffarin III hors jeu, une droite déboussolée, un président enfermé... Deux ans après son plébiscite, Jacques Chirac se retrouve seul. Et le bien tardif "je vous ai compris" qu'il lance aux Français n'a plus qu'un objectif : éviter la colère de la rue. Retour sur une semaine folle.

Ce n'est plus un trou, c'est un abîme : aux dires des experts et du ministre de la Santé, il faut réformer en extrême urgence l'assurance-maladie sous peine de catastrophe financière. Seulement voilà : le gouvernement est au plus bas et ne peut pas se permettre de déclencher un conflit avec les syndicats ou les médecins...

Croissance en berne, budget impossible, crise agricole, trou de la Sécu, licenciements, grogne des fonctionnaires, amertume des profs, fronde des intermittents, terrorisme corse, et par-dessus tout, une catastrophe humanitaire qui révèle l'urgence d'un plan Marshall pour le quatrième âge : rarement un Premier ministre aura dû affronter tant d'épreuves à la fois.

Le grand communicant de Matignon poursuit de sa vindicte les journalistes jugés trop acides avec son patron. Portrait d'un ancien producteur de télévision qui se trompe d'époque.

Déficit : 4%. Dette : 61%. Assurance-maladie : - 10 milliards. Dans une telle situation, la baisse des impôts (3%) sonne comme un défi aux partenaires européens.

Un jour le Premier ministre s'en prend au "bureaux" de Bruxelles, le lendemain il promet de revenir à la sagesse budgétaire. De quoi donner le tournis.

Il était le dernier des giscardiens, il est devenu le premier des chiraquiens. Plus les difficultés s'amoncellent, plus le Premier ministre colle au président.

Ses petites phrases amusaient. Elles agacent. Jusqu'à ses ministres. Les deux France, d'en haut et d'en bas, semblent réunies pour désavouer un Premier ministre taxé d'incohérence et devenu sa propre caricature.

Encore une fois le Premier ministre a tout faux. D'"insuffisant" à "nullissime", son plan de suppression d'un jour férié a fait l'unanimité contre lui.

Deux menaces : le chômage et Sarkozy. A la veille d'élections dont il mesure l'importance, le président abandonne son optimisme de façade pour prendre les rênes à Matignon. En mettant Raffarin sous tutelle, il s'expose et joue le tout pour le tout. Mais avait-il une autre solution ?

Buralistes, restaurateurs, chercheurs... Le gouvernement multiplie les promesses. Résultat : le déficit et la dette enflent.

Rarement le perdant aura mieux été mieux identifié au lendemain d'un scrutin. Les Français - et singulièrement ceux "d'en bas" - ont sanctionné un chef de gouvernement mal assuré dans ses choix et défaillant dans sa pédagogie. Mais surtout la Chiraquie tient son bouc émissaire. La durée de sa survie sera fonction de l'ampleur de la défaite au second tour.