Face à la remontée des communistes, l'absence d'un véritable parti politique pour soutenir l'actuel président rend sa position très faible. Des aventuriers sans scrupule tentent de combler ce vide.

Pour reconquérir sa popularité perdue, le président russe a désigné au ministère des Affaires étrangères et à celui de l'Economie des hommes qui n'étaient pas de son camp...

Alors que la guerre de Tchétchénie a repris avec une violence inouïe, la campagne électorale démarre mal pour le président russe. Après avoir menacé la Douma, il ne semble plus exclure un ajournement du scrutin.

La capitale russe est la proie de mille rumeurs sur le retour des communistes, les risques d'affrontements, les désaccords entre généraux... et les conclaves qui auraient lieu au Kremlin pour reporter à plus tard la présidentielle.

La victoire de Boris Eltsine ne signifie pas encore la stabilité en Russie. Un "troisième tour" de l'élection présidentielle se joue en ce moment même, dans la bataille qui se livre entre Victor Tchernomyrdine et le général Lebed.

A la veille d'une élection qui s'annonce très serrée, le général grognon qu'Eltsine a appelé auprès de lui se conduit comme s'il était maître à bord. Une attitude qui pourrait provoquer rapidement des affrontements au sommet.

C'est le désespoir, l'amertume ou la peur qui ont dicté leur vote aux électeurs de Russie, qu'ils se prononcent pour un président sortant qui se déclare "démocrate" mais sans conviction, ou pour un candidat communiste ancienne manière.

Historien de la continuité de la terre russe dans la révolution bolchévique, Nicolas Berdiaev affirmait que la géographie russe - un espace illimité - imposait à ses habitants un pouvoir de type despotique qui s'est incarné dans divers régimes (la principauté moscovite, l'empire pétrovien, l'Union soviétique).

L'opération réussie de Boris Eltsine ne résout pas le problème le plus crucial : c'est le système eltsinien tout entier qui est en faillite, et le pays reste aux mains de mafias sanglantes...

Dans l'âpre bataille pour la succession de Boris Eltsine, la classe politique moscovite a conclu une union sacrée pour s'opposer à l'arrivée au pouvoir du général qui vient d'être limogé, mais qui bat tous les records de popularité.

Il traite le chef de l'Etat de "minus" et fait l'éloge de Pinochet : idole des militaires russes, le général de parachutistes Alexandre Lebed, 43 ans, estime que, pour sortir de la crise où elle sombre, la Russie a besoin d'un homme fort, qui s'appuierait sur l'armée...