« Je me demande si je dois parler des choses dont je ne me souviens pas comme de celles dont je me souviens. » Que savons-nous de Gertrude Stein (1874-1946)? Qu'elle fut poétesse, écrivaine, dramaturge, féministe. Qu'elle passa la plus grande partie de sa vie en France et mourut à l'hôpital américain de Neuilly. Qu'elle reçut dans son appartement du 27 rue de Fleurus, à Paris, en compagnie d'Alice B. Toklas, tout le gotha de la littérature et de l'art contemporain, de Picasso à Hemingway, d'Ezra Pound à Fitzgerald, permettant entre autres l'éclosion du cubisme. On la dit excentrique, mystificatrice, tyrannique, on fit même d'elle une « Mère l'Oye de Montparnasse». Raymond Queneau aimait à répéter qu'essayer de la comprendre n'était pas chose aisée, ajoutant: «La traduire encore moins, la présenter bien moins encore. » Philippe Blanchon la restitue à sa juste place : celle d'un écrivain unique impliqué avec énergie dans son siècle.

La vie de Gertrude Stein, indissociable de l'histoire de l'art de la première moitié du XXe siècle. Née aux Etats-Unis dans une riche famille juive d'origine allemande, elle rejoint son frère à Paris puis s'y installe définitivement avec sa compagne Alice B. Toklas. Tous les samedis, elles réunissent dans leur appartement les plus grandes figures littéraires et artistiques de l'avant-garde. ©Electre 2022

Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage présentes sur celui-ci. La reproduction totale ou partielle d'un article publié sur BeauxArts.com, sans l'autorisation écrite et préalable de Beaux Arts & Cie, est strictement interdite. Pour plus d'informations, consultez nos mentions légales. Famille aisée américaine, les Stein s'installent à Paris au début du XXe siècle. Très rapidement, Gertrude et ses frères s'intéressent à l'effervescence artistique qui y règne et accueillent chez eux les artistes de avant-garde. Gertrude se lie notamment d'amitié avec Picasso, « une longue amitié avec ses incidents, ses agitations, et ses complications », et affirme que l'« affection franche et la confiance entière » qu'elle porte à l'artiste n'ont jamais faibli. Si Gertrude a participé à l'invention de l'art moderne, elle a aussi participé à l'élaboration d'une littérature contemporaine, notamment américaine. Celle qu'on qualifia de « Cubiste des lettres » fut en effet l'une des écrivains les plus inventifs et ambitieux de sa génération. Son usage de la répétition, de la sérialité et du motif du cercle a inspiré nombre d'artistes, notamment conceptuels (Jasper Jones, John Cage, Merce Cunningham, Robert Rauschenberg). Beaux Arts Éditions revient sur cette collectionneuse et mécène avertie, qui marqua à jamais l'avant-garde parisienne, sur son amitié avec les peintres cubistes, au premier rang desquels figure Picasso, les similitudes de leurs approches (l'une littéraire, l'autre picturale) et montre comment Gertrude Stein devint une figure tutélaire pour de nombreux artistes modernes et contemporains.

Gertrude Stein, mère de la «génération perdue», est une figure importante du modernisme anglo-saxon. On connaît surtout l’Autobiographie d’Alice B. Toklas. Mais la force novatrice des Portraits, de Tendres Boutons, ou de sa poésie amoureuse a influencé des générations d’artistes. Ce livre explore son goût pour l’américanité, son rapport à l’écriture et au monde moderne : il fera apprécier et comprendre le «grand sourire grammatical» dont la remerciait Max Jacob.

Un roman autobiographique dans lequel l'écrivaine revient sur sa rencontre avec Alice B. Toklas. Elle évoque le Paris des années 1920 avec les débuts de son salon artistique et ses rencontres avec les avant-gardes, en particulier les peintres cubistes. ©Electre 2024

Un roman autobiographique dans lequel l'écrivaine revient sur sa rencontre avec Alice B. Toklas. Elle évoque le Paris des années 1920 avec les débuts de son salon artistique et ses rencontres avec les avant-gardistes, en particulier les peintres cubistes. ©Electre 2024