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Innovation et patrimoine

Numéros de page :
57 p. / p. 5-10, 12-48, 50-63
Innover en 2013, c'est confirmer l'existence des amateurs aux côtés des spécialistes pour ″crowdsourcer″ les données patrimoniales mises en ligne. Pour les spécialistes, cependant, la question de la formation devient cruciale alors qu'ils tentent le grand écart périlleux entre expertise sur les fonds, spécialité sur les outils, et invention d'une nouvelle médiation que le numérique impose. Innover, aussi, c'est admettre que le patrimoine est à tout le monde et que chacun peut se l'approprier comme il l'entend. C'est le parti qu'a pris le Rijksmuseum en décidant de libérer les oeuvres du musée, quitte à permettre un certain détournement des images. Mais les oeuvres, elles, restent dans les musées et les bibliothèques, et rien ne remplace l'expérience essentielle du contact direct. Innover, c'est encore s'autoriser à galvauder des documents d'archives sur Facebook, et s'apercevoir que les réseaux sociaux permettent de fédérer des centaines de commentaires émus et enthousiastes autour des témoignages fictifs d'un poilu ressuscité. Robert Darnton, enfin, ouvre ce dossier en présentant la genèse et les défis de la bibliothèque numérique américaine (DPLA) entre pragmatisme et utopisme. Deux thèmes qui finalement sous-tendent tout le dossier puisque penser ″innovation et patrimoine″ consiste à s'appuyer sur la technique pour rêver une mise à disposition simple - et personnalisée - du patrimoine universel à tous les Internautes au travers d'une navigation libre dans les contenus, sans souci de leurs formats ou des plateformes qui les hébergent, suscitant l'intérêt et la curiosité grâce à une visualisation des données qui réinvente enfin la sérendipité. Et demain, de quoi l'innovation sera-t-elle porteuse ?