L'affaire n'a pas fait grand bruit. Mais elle n'est pas forcément sans conséquences. Il y a deux mois, l'encyclopédie en ligne Wikipédia a organisé une consultation auprès de ses contributeurs : devait-elle adopter l'usage de l'écriture inclusive, cette graphie qui place la terminaison du féminin à côté du masculin ? Une gymnastique pas toujours très simple à mettre en oeuvre, comme l'avait déjà démontré notre ami David Caviglioli dans une chronique à l'humour assassin. Au terme de cette consultation, une majorité de rédacteurs a choisi les règles académiques en vigueur. Même la féminisation des titres et l'usage de termes "englobants" - comme "le patronat" plutôt que "les patrons" - ne sont admis qu'au cas par cas. Un résultat qui s'explique en partie par le profil des contributeurs, en grande majorité des hommes - les femmes ne constitueraient que 15% à 20% des sondés. Mais en partie seulement. Sommaire. "Wikipédia s'aligne sur les théories réactionnaires de l'Académie française", Eliane Viennot est linguiste et a enseigné la littérature française à l'université. Elle a notamment publié "L'Académie contre la langue française"(Editions iXe)."On ne fait pas évoluer une langue en la complexifiant'', Danièle Sallenave est membre de l'Académie française, où elle a participé à la commission « féminisation ». Elle a récemment publié "Jojo, le gilet jaune" (Gallimard, 2019).