Sur le papier, la réforme serait avantageuse pour la plupart des Français : et si on supprimait les assurances complémentaires de santé, en renforçant le rôle de la sécurité sociale ? Et si l'assurance-maladie devenait le guichet unique prenant en charge tous les remboursements importants, sans que les citoyens aient à se demander s'ils sont couverts, ni à quel niveau ? Ce projet de "Grande sécu" est une des pistes qu'examinent les 66 experts du Haut Conseil pour l'Avenir de l'Assurance maladie(HCAAM). Ils tiendront leur dernière réunion ce 16 décembre, puis remettront au ministre de la Santé un rapport comprenant quatre scénarios de réforme. Celui de la "Grande sécu" est le préféré d'Olivier Véran, qui a demandé au HCAAM de l'approfondir en priorité. Supprimer les complémentaires, c'est notamment effacer leurs 8 milliards d'euros de coûts de gestion (autant que ceux de la "Sécu", qui rembourse 180 milliards d'euros de soins, contre une trentaine de milliards pour les complémentaires). Les Français feraient ainsi des économies sur les primes, mais parallèlement ils paieraient sans doute plus en CSG, ce qui serait plus égalitaire. Surtout, nous serions moins bien couverts qu'aujourd'hui : la "Grande Sécu" ne reprendrait que deux tiers des remboursements des complémentaires, et le reste serait intégralement à notre charge. Autre problème : l'Etat a prouvé dans le passé qu'il était capable de faire des coupes dans ce budget... Aujourd'hui, les complémentaires sont inégalitaires et pas toujours bien gérées, mais elles suppléent la "Sécu" quand elle dérembourse des soins ou en refuse d'autres.