Aller au contenu principal

Dépouiller Rome ? Genséric, Avitus et les statues en 455

01 octobre 2017
Numéros de page :
pp.775-802
L’assassinat de Valentinien III (16 mars 455) fut interprété comme le prélude à une grave crise de l’empire d’Occident. Les sources considèrent le sac de Rome par les Vandales de Genséric (du 2 au 16 juin 455), ainsi que d’autres signes, comme une conséquence de ce meurtre. Dans une situation de vide politique, Genséric ne dépouilla pas la ville que de ses richesses et d’otages, mais aussi de ses symboles du pouvoir. En pillant les trophées que Rome avait accumulés au cours des siècles, le roi des Vandales montrait que le pouvoir se déplaçait à Carthage, la capitale de son règne. À cette grave dévastation s’ajouta bientôt l’acte impie du nouvel empereur Avitus. Arrivé de Gaule à Rome avec les Wisigoths qui le soutenaient, Avitus fut bientôt obligé de les congédier. Il ordonna alors de détruire les statues et les décorations en bronze afin d’obtenir, par la vente du métal, l’argent nécessaire pour les payer. Le peuple et le sénat s’insurgèrent à cause de cette action qui n’était nullement digne d’un empereur romain. Dans les milieux sénatoriaux se diffusèrent à nouveau des oracles qui rappelaient combien la protection des statues de Rome était nécessaire pour garantir la survie de l’empire. Ces inquiétudes portèrent à la rédaction de la "Novelle 4" de l’empereur Majorien (11 juillet 458), dans laquelle était rappelée la nécessité de défendre l’ornatus civitatis. De plus, le reflet de l’inquiétude des contemporains se transmit depuis les milieux occidentaux jusque dans la culture constantinopolitaine du VIe siècle. On trouve des traces de cette question dans les milieux de la bureaucratie palatine : chez Zosime, et, avec une référence explicite aux statues détruites par Avitus, chez Jean le Lydien et Jean d’Antioche.