A propos de "Mektoub my love : Canto uno", d'Abdellatif Kechiche. Chronique d'un été
Bulletin : <>Avant-scène cinéma 651 - mars 2018
01 mars 2018
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Numéros de page :
pp.124-127
Comme "La Vie d'Adèle", "Mektoub my love" est un roman d'apprentissage. Et comme dans "La Vie d'Adèle", on nous annonce la couleur dès les premiers plans. Abdellatif Kechiche était parfois décevant dans son film précédent, quand il filmait les scènes de sexe avec beaucoup moins de sensualité que les visages ou les paysages. Il commence "Mektoub my love" en imposant dès l'abord son regard d'artiste, avec aplomb, dans une longue séquence d'amour l'après-midi, cette fois totalement réussie. Cette séquence est regardée secrètement par Amin, personnage principal et alter ego du cinéaste. Ce sera, au sens propre, le roman d'apprentissage d'un voyeur. D'un voyeur, donc, évidemment, d'un cinéaste. Pendant trois heures (c'était la durée de "La Vie d'Adèle") son point de vue nous occupera, son étude du monde. Comme Adèle, Amin est naïf, intelligent, avide de vivre. Comme elle, il est maladroit et suscite le désir physique, malgré lui. Et comme elle, plus nettement encore, il est l'occasion d'un autoportrait.