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Au risque de la politique

01 décembre 2012
Numéros de page :
25 p. / p. 53-75, 77-78
Instrument des pouvoirs civils, les armées ont eu souvent à les suppléer au Proche-Orient, en Afrique, en Amérique latine : elles ont fourni à leurs Etats les cadres et la vision politique qui leur manquaient, mais les ont corsetés au point de devenir à leur tour cible des « révolutions ». Les états-majors, à force de verrouiller leur ordre et de se servir au passage, ont été la cause du désordre. Au mieux, les armées ont fait tampon avec des polices dressées à mater les populations, et assuré les transitions politiques, avant de consentir au retour à la caserne. Au pire, elles se sont payées sur l'« ennemi intérieur », des soldats - de rapine plus que de fortune - gagnant leur pitance à la pointe des fusils, s'improvisant « coupeurs de route » et rançonneurs, quand ce n'est pas exécuteurs. Dans ce cas, des soldats clochardisés, des voyous en uniforme, des régiments gangstérisés opèrent sur le mode du crime organisé, bien loin des canons classiques de la condition militaire : discipline, esprit de corps, sens du sacrifice.