Carthage et le contrôle des littoraux africains : les deux premiers traités romano-carthaginois
Bulletin : Revue historique 690 - avril 2019
01 avril 2019
Auteurs
Numéros de page :
pp.227-249
Les deux premiers traités entre les Carthaginois et les Romains, datés respectivement de 509 et de 348 avant notre ère, ont été transmis, de manière partielle, par l’historien grec Polybe et l’interprétation du premier est difficile. Cependant, en le replaçant dans le contexte des relations très anciennes entre les Carthaginois et les cités étrusques, attestées tant par les auteurs anciens que par l’archéologie, il est possible d’accepter la datation haute donnée par Polybe. La première difficulté est d’identifier les différents caps mentionnés dans le traité, en particulier le Beau Promontoire, le "Kalonakrotirion" du texte polybien, en évoquant l’historiographie de la question. Les Carthaginois se souciaient de protéger certains rivages africains de la fréquentation des navires étrangers, éventuellement romains, dans un contexte de fortes tensions avec les Grecs. Les traces archéologiques de fortifications puniques sur le littoral du Cap Bon le confirment. Les espaces interdits à la navigation varient entre le premier et le deuxième traité, ce qui reflète l’évolution des rapports de Carthage avec son arrière-pays et avec les cités d’Utique et de Tyr, ainsi que l’accroissement des capacités maritimes romaines. Les restrictions énoncées permettaient aux Carthaginois de contrôler la circulation des étrangers dans une grande partie de leur zone d’influence et de surveiller les activités commerciales. Les ports puniques étaient alors réservés aux marchands carthaginois. Les traités définissaient donc des espaces ouverts et des espaces fermés à la navigation, qui ressemblent aux clauses commerciales qui existaient à la même époque dans le monde grec.