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Entre administration et mémoire du crime : constitution et usages du registre du Papier Rouge de la mairie de Dijon à la fin du Moyen Age

01 juillet 2021
Auteurs
Numéros de page :
pp.593-627
Le registre du Papier Rouge contient plus de 400 sentences criminelles prononcées aux XIVe et XVe siècles par la mairie de Dijon, qui dispose des droits de haute justice sur le territoire urbain et sa proche banlieue en vertu de la charte de franchise accordée aux habitants par le duc Hugues III en 1183. Bien connu des historiens pour ses informations relatives à la criminalité réprimée dans la ville et à la diversité des qualités sociales des condamnés, il doit également être replacé dans le contexte de production de l’écrit dans la ville à la fin du Moyen Age, et du contexte politique dijonnais en particulier. Si la création du Papier Rouge participe de l’essor administratif qui caractérise la commune au début du XVe siècle, une analyse fine des événements qui l’entourent montre que sa création répond à une finalité judiciaire mais aussi politique. Le croisement des sources, entre ce registre et ceux des délibérations ou encore les registres aux causes de la mairie et ceux des procureurs, permet par ailleurs de mieux suivre le cheminement de l’administration échevinale quant aux modalités de sa rédaction et à son organisation interne. Les enquêtes et procès de la justice échevinale soulignent encore que le Papier Rouge constitue un outil de contrôle social sur les habitants, car le fait d’y être inscrit peut réduire à néant la "fama" de l’individu. Enfin l’examen des procès juridictionnels entre la mairie et le duc de Bourgogne, puis le roi de France, explique les multiples annotations marginales du registre autant que les dessins de pendus. L’analyse de la vie du Papier Rouge et de ses usages permet ainsi de souligner ses rôles multiples tant sur le plan judiciaire, administratif, social que politique.