Saeed Roustaee, "Leila et ses frères"
Bulletin : Positif 739
01 septembre 2022
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pp.14-22
Après les propos recueillis par Mamad Haghighat (no 735, p. 24) "Positif" a souhaité rencontrer Saeed Roustaee ("La Loi de Téhéran"), à l'occasion de la sortie de "Leila et ses frères". Révélé par la compétition cannoise, cet opus, oublié du palmarès, a frappé les esprits par ses différences d'avec le récent thriller qui avait triomphé en Iran et conquis un large public en France. Fondé sur la coutume du parrain qui n'a guère d'équivalent dans l'Hexagone et sur un usage intensif et théâtralisé du verbe, le récit, parfois comique, se meut en chronique familiale plutôt tragique, passionnante métonymie d'un pays en crise sociale, économique et politique. Le réalisateur iranien de 33 ans revendique cette dimension, comme il assume de dénoncer la censure... sans trop entrer dans les détails. Fin juin 2022, le ministre de la Culture a annoncé que le film ne sortirait pas sur les écrans iraniens, Roustaee ayant « participé sans autorisation à des festivals étrangers » et ayant refusé de « corriger son film ». Ses confrères Mostafa Al-Ahmad, Mohammad Rasoulof et Jafar Panahi payent plus cher encore cette liberté de dénoncer. Tous trois ont été arrêtés et emprisonnés pour avoir signé et diffusé sur les réseaux sociaux la pétition #put_your _gun_down, qui demande aux forces de l'ordre d'en finir avec la répression armée des manifestations. "Positif" se joint aux voix du monde entier qui exigent leur libération immédiate et la fin de toute poursuite pour délit d'opinion. Sommaire. Un film monde, la critique du film. "Le chemin du faux-semblan", entretien avec Saeed Roustaee.