30 variations pour 30 éditions ... Porté par le sceau de l'évidence, le festival musique et mémoire a choisi de marquer ce moment particulier en apportant son soutien passionné à cet enregistrement des variations goldberg par julien wolfs. Cette oeuvre d'une puissance himalayenne a accompagné les débuts du festival, contribuant à lui forger son identité singulière. En 2019, julien wolfs donna pour la clôture du festival sa première interprétation publique de ce trésor d'inventions. C'est donc avec ferveur que cet événement de la scène baroque s'associe à ce voyage sonore proposé par un musicien ami à l'imaginaire extraordinaire.

Le ténor reinoud van mechelen termine sa trilogie dédiée aux hautes-contre par legros, haute-contre de gluck. Joseph legros (1739-1793) fut chanteur à lOpéra de paris et reconnu pour ses capacités musicales hors du commun, son large ambitus, ses aigus brillants. « on apprécie que son émission ne soit pas forcée et que son goût soit moins maniéré que celui de ses prédécesseurs. Sa prononciation est parfaite et sa figure agréable, quoique sa silhouette ne soit pas gracieuse et que son jeu scénique laisse à désirer » écrit benoit dratwicki, du centre de musique baroque de versailles qui est partenaire de cette série... Legros suscite chez les compositeurs modernes un regain dintérêt pour la voix de haute-contre. Les premiers à écrire pour lui sont la borde, trial et berton. Puis gossec (Alexis et daphné) ou grétry (Céphale et procris). En 1774, larrivée de gluck à paris marque un tournant dans la carrière de legros : il se révèle dans orphée et eurydice, fait sensation dans iphigénie en aulide et iphigénie en tauride... Les rôles-titres dAmadis de gaule de j.-c. Bach et dAtys de piccinni sont les derniers où il brille. Après legros, la voix de haute-contre disparaît progressivement, laissant la place à celle de « véritable ténor », voix plus puissante, mais ayant des difficultés à aborder le haut registre de lancien répertoire...

Resume

La suite pour orchestre, que l'on appelle parfois simplement "ouverture" à cause de l'importance de son premier mouvement, jouissait d'une grande popularité au début du XVIIIe siècle, en particulier en Allemagne centrale. Bach avait découvert ce genre pendant sa jeunesse et l'a cultivé jusqu'à sa période tardive, à Leipzig. Voici réunies 4 ouvertures-suites, dont la célèbre Suite nÊ2 BWV 1067, qui fait partie des oeuvres tardives. De nombreuses erreurs de copie dans les parties originales incitent à penser que l'oeuvre avait été écrite à l'origine un ton plus bas (en la mineur) et donc probablement pour un autre instrument soliste que la flûte traversière : dans le présent enregistrement, cette première version, déterminée à partir des indices mentionnés, est jouée avec un hautbois soliste.

Ensemble d'une inépuisable richesse, les cantates de Bach offrent un panorama de la plus haute inspiration musicale des diverses tendances de son temps et donc de sa propre musique. Les deux chefs-d'oeuvre réunis ici invitent à mesurer son évolution sur une décennie. ? Weimar avec la cantate BWV 21, le temps de l'expérimentation mais aussi le recours à Buxtehude pour exprimer un piétisme des plus imagés. ? Leipzig avec la cantate BWV 76, la maîtrise d'un compositeur utilisant toutes ses ressources dans une vertigineuse synthèse à la gloire de Dieu.

"On ne crée pas en ajoutant, mais en retranchant", dit le cinéaste Robert Bresson, cité par Jacques Drillon, dans le livret qui accompagne ce nouvel enregistrement des Sonates et Partitas pour violon seul de Bach par Tedi Papavrami, 17 ans après une première version qui avait déjà marqué la discographie. Tedi Papavrami a décidé de les remettre sur l'ouvrage au moment du confinement et l'oeuvre qu'il n'avait pourtant jamais vraiment quittée lui a donné de nouvelles sensations : "quelque chose de plus vivant, de plus scintillant m'est apparu"... Une vision plus épurée aussi : "Indiscutablement, Tedi Papavrami n'a pas voulu être de reste. Lui aussi s'est radicalisé. Il s'est interdit le vibrato à quelques rarissimes et délicieuses exceptions près, a renoncé aux basses appuyées, aux aigus brillants, à tous les effets de manche dont sont coutumiers les violonistes, et qui ont marqué les interprétations les plus réputées, au point de passer pour des "traditions" immuables. De toute évidence, il a choisi de n'avoir recours, pour obtenir l'expression, qu'au phrasé et à la sonorité", dit Jacques Drillon.

Les variations Goldberg de Bach représentent l'un des chefs d'oeuvre les plus remarqués de l'histoire de la musique classique. Lang Lang y a commencé l'exploration depuis plus de vingt ans et présente cet album comme le résultat d'un long voyage personnel. Cela marque une toute nouvelle étape dans le développement artistique du pianiste : le projet de toute une vie.

Les sept compositions communément appelées oeuvres pour luth de Johann Sebastian Bach, malgré plus d'un siècle de recherches, ne semblent pas vouloir dévoiler complètement le mystère de leur naissance, de leur véritable destination instrumentale et de la conception de Bach, décidément abstraite, de l'instrument, le luth, qui dans sa dernière évolution continuait après près de trois siècles de gloire à recueillir l'attention de la plus haute lignée musicale. Le mystère n'a pas éloigné les interprètes de ces compositions, que Bach n'a pas rassemblées en un cycle unique, comme il l'avait fait pour les oeuvres pour violon seul et pour violoncelle, et les a même rendues peut-être plus stimulantes, surtout si l'on considère qu'en soixante-dix ans, le luth était destiné à disparaître de la scène musicale. Il y a des moments où, pour découvrir ou définir qui nous sommes, il faut se confronter à l'inconnu. Evangelina Mascardi l'a fait avec cette extraordinaire gravure, qui en plus d'être la première au féminin, écrit une nouvelle importante page interprétative, fruit de maturité artistique, réflexion critique et d'une originale recherche instrumentale.

Il y a cinquante ans, le Collegium Vocale Gent débuta une aventure musicale merveilleuse, quoique inattendue. Dans ce coffret anniversaire, Philippe Herreweghe a rassemblé les plus beaux enregistrements qu'il a réalisés avec le Collegium sur le label Phi, fondé avec Outhere en 2010. S'y côtoient les chefs d'ouvre de Tomás Luis de Victoria, Johann Sebastian Bach, Ludwig van Beethoven, Johannes Brahms et Antonín Dvorak. L'excellence artistique dont le Collegium Vocale Gent fait preuve dans tous les répertoires constitue le cour de cette sélection enivrante.

Johann Sebastian Bach ne quitta presque jamais sa Saxe natale et pourtant il était informé de tout ce qui se faisait en europe. Il accordait, fort naturellement, une attention minutieuse aux innovations venues d'Italie, berceau du style concertant, et insuffla dans son contrepoint génial les fulgurances transalpines, en particulier dans sa production pour clavier. Pour preuve, les partitions écrites d'après les vénitiens Antonio Vivaldi et Benedetto Marcello, dans lesquelles Bach transcende tout par son génie polyphonique. Dans le vaste concerto italien, c'est l'auteur des variations Goldberg qui revisite Corelli comme, de nouveau, Vivaldi. Après plusieurs enregistrements solos consacrés aux dynasties musicales (La famille Forqueray, la famille Rameau et les frères Francoeur), Justin Taylor part en voyage sur les traces de Bach et l'Italie.

Frans Bruggen, à la tête de l'Orchestre du XVIIIe siècle, a été jusqu'à sa disparition en 2014, l'une des figures les plus influentes de la pratique d'interprétation dite historique : l'interprétation de l'Oratorio de Pâques présentée ici offre une magnifique gamme de couleurs tonales qui font ressortir encore plus clairement l'extraordinaire beauté de l'oeuvre.

Un chef-d'oeuvre de l'oeuvre de Bach vu sous un tout nouveau jour par le brillant pianiste Fazil Say. L'interprète doit intérioriser en profondeur cette longue partition au point de la présenter comme s'il s'agissait de sa propre composition. En d'autres termes, on ne peut surmonter la physique métaphysique de cette oeuvre qu'après l'avoir apprise à la perfection et en avoir développé une compréhension prodonde. L'approche d'une oeuvre musicale de ce genre est un voyage de toute une vie. Fazil Say

Eminent interprète de Vivaldi, Giuliano Carmignola a toujours eu une affinité particulière et spirituelle avec la musique de Jean Sebastien Bach, comme en témoignent ses enregistrements de référence des Sonates pour violon et clavecin (2002, avec Andrea Marcon), des Concertos pour violon (2014, avec Concerto Kvln - Diapason d'or) et des Sonates et Partitas (2018), selon Gramophone "clairement un choix de premier ordre parmi les enregistrements sur instruments d'époque de ces oeuvres, malgré la concurrence". Avec ce projet, qui a pris forme en 2020 en réaction à l'isolement lié à la pandémie, le grand violoniste vénitien nous offre une lecture nouvelle, parfois même expérimentale, d'un autre célèbre recueil pour instrument solo, les Suites pour violoncelle, qui met en évidence de nouveaux détails et exalte le caractère choréutique et la brillance de nombreux mouvements. Déjà artisan du succès de Sonar in Ottava avec son ami de longue date Mario Brunello, Carmignola inaugure ici une collaboration avec Arcana pour une série de projets solistes.

Dans l'Europe de la première moitié du XVIIe siècle, la musique instrumentale devient source d'expérimentations sonores et expressives. Influencés par la rhétorique vocale, les compositeurs cherchent à remplacer les mots par un langage musical nouveau. La virtuosité des instrumentistes se développe, l'invention, l'improvisation et la recherche de sonorités étonnantes aussi. Tout comme l'orgue ou le clavecin, le violon est l'instrument roi pour expérimenter ces nouvelles techniques. Les musiciens italiens et germaniques des XVIIe et XVIIIe siècles comme Farina, Schmelzer, Mealli, Buxtehude, Biber, Pisendel et Bach redoublent d'imagination...

Après avoir remporté le Concours Tchaïkovski à Moscou en 1986, Mario Brunello s'est imposé comme l'un des plus grands violoncellistes actuels. Musicien éclectique, il s'intéresse depuis quelques années aux pratiques d'interprétation historiquement informées et à la redécouverte du "petit violoncelle" à quatre cordes. Cet instrument, un peu plus petit que le violoncelle, est connu aujourd'hui pour sa présence dans certaines cantates de Bach, mais il était certainement plus largement utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles que ce que le répertoire connu peut laisser penser. Cet enregistrement des Sonate & Partite per violino solo inaugure une collaboration avec le label Arcana autour d'un "Bach Brunello Series" de trois CD, dans lequel des oeuvres importantes pour violon du compositeur seront jouées sur le petit violoncelle. Le livret comprend des textes du spécialiste de Bach Peter Wollny ainsi que d'Alessandro Baricco.

Masaaki Suzuki et son orchestre, le Bach Collegium Japan, ont effectué leur premier enregistrement de la Passion selon St Matthieu en mars 1999. Vingt ans plus tard, en avril 2019, choeur et orchestre sont réunis dans la salle de concert du Saitama Arts Theater au Japon pour une nouvelle performance. C'est "une joie immense" pour Masaaki Suzuki qui a l'honneur d'enregistrer une seconde fois la grande fresque de la Passion du Christ de Bach. Suzuki et son ensemble sont passés maîtres en la matière avec la connaissance approfondie de la musique chorale de Bach après en avoir enregistré presque la totalité entre temps, les cantates sacrées comprises. Suzuki a choisi le jeune tenor allemand Benjamin Bruns, qui faisait sa première apparition chez BIS, pour incarner l'Èvangéliste. Parmi les autres solistes se trouvaient aussi quelques noms familiers : Carolyn Sampson, Damien Guillon, Makoto Sakurada, Christian Immler...

Ton Koopman, grand organiste et claveciniste néerlandais sublimant la scène baroque depuis cinq décennies, nous livre ici un portrait de l'Orgue Historique (Robert Cliquot/Julien Tribuot, 1710) de la Chapelle Royale de Versailles, inaugurant la collection L'?e d'Or de l'Orgue Français. Florilège des possibilités de cet instrument purement "à la française", voici les deux grandes Suites de Clérambault, publiées l'année même de l'inauguration de l'instrument, des pièces majestueuses de Louis et François Couperin, maîtres des couleurs, des Noëls de Daquin pleins de sève, et même un choral de Bach ! Un maître-organiste rend un vibrant hommage à l'instrument symbolique voulu pour sa Chapelle par Louis XIV.