De la colonisation aux régimes dictatoriaux, l'Asie du Sud-Est a connu des siècles de domination occidentale, de coercition et d'absence de liberté d'expression. Aujourd'hui, les artistes entendent se réapproprier leur histoire en remettant en question la production des savoirs, en s'appuyant sur des recherches anthropologiques et en menant eux-mêmes des enquêtes. Une dynamique est en cours qui va de la théorie à la réalisation d'oeuvres proposant des contre-récits et une nouvelle approche de l'histoire locale.

Né en Chine, Yuk Hui a grandi à Hong Kong où il a fait des études d'informatique avant de partir étudier la philosophie en Europe, notamment au Goldsmiths College de Londres où il rédige sa thèse de doctorat sous la direction de Bernard Stiegler. Dès le début, il interroge la place de la technique dans nos sociétés contemporaines et explore les rapports entre l'homme et la machine tout en en retraçant l'histoire de façon critique.

Désormais affranchie du modèle occidental et libérée des questions identitaires, une nouvelle génération d'artistes multiplie les expériences, explore les disciplines et dépasse les frontières du réel, secouant les formes et leurs limites spatiales. Artistes d'une époque charnière post-bulle financière et post-crise nucléaire, ils cherchent de nouveaux modes d'expression, qui rendraient compte de la création sous toutes ses formes.

Qu'est-ce que connaître un espace et comment transmettre une connaissance au-delà du langage verbal ? Cédric Maridet, compositeur et plasticien sonore, ne cesse d'explorer l'univers des sons pour élargir nos modes de communication, engageant l'individu dans la juxtaposition d'étendues sonores et d'espaces distants.

En rupture avec un récit officiel, le musée M+ de Hong Kong insuffle un vent de liberté et ouvre de nouvelles perspectives. Ses expositions inaugurales retracent une histoire de l'art asiatique depuis les années 1950 élargie au design et à l'architecture, augurant d'une transition vers une culture inclusive et globalisée.

Fragilisé par l'industrialisation, la pollution et le bouleversement climatique, l'écosystème marin attire aujourd'hui en Asie l'attention de chercheurs et d'artistes oeuvrant pour donner à voir et raviver des coutumes locales qui détiennent peut-être la clef d'une nouvelle relation de l'humanité à la nature.

Botaniste, aquariophile, ornithologue, Trevor Yeung a adopté son premier piranha alors qu'il était à l'école primaire, et a grandi au milieu de plantes, oiseaux et tortues en liberté, qui couraient dans l'appartement familial. S'il s'appuie sur des données scientifiques, il noue essentiellement un rapport expérimental à la connaissance et fonde sa pratique artistique sur l'observation fine des plantes et des animaux qu'il élève.

En Occident, l'art et le système de l'art sont depuis longtemps codifiés. En Chine, ces systèmes de référence se construisent progressivement après les bouleversements politiques et sociaux du 20e siècle. Pour les encadrer, un foisonnement d'initiatives se profile. Souvent coquilles vides, certaines permettent néanmoins de repenser nos propres rapports à l'art et d'ouvrir la voie à de nouveaux modèles d'exposition. C'est le cas de K11 Art Foundation, centres d'art ouverts à Shanghai, Pékin, Hong Kong, dans un centre commercial, axé notamment sur des partenariats avec l'Occident.

Ancienne zone industrielle située dans la banlieue de Shanghai, Taopu abrite depuis 2010 une communauté d'artistes ainsi que les locaux gigantesques de ShanghART Taopu, première galerie-entrepôt en Chine. Lieu d'échanges et de bouillonnement d'idées, mais aussi de production massive d'oeuvres, cette usine créative abrite notamment le groupe Madeln Company, qui travaille selon des méthodes parfois proches de l'industrie.

Khvay Samnang est un passeur-conteur : essentiellement avec des performances et des vidéos, l'artiste cambodgien incarne de façon poétique les destins de communautés de son pays, minorités isolées ou populations marginalisées par les récents bouleversements économiques. Son travail relie en profondeur la nature, polluée, menacée, mais aussi spirituelle et sacrée, et une culture devenue source de conflits et de déshumanisation. Il participe cette année à Documenta 14 à Athènes et Cassel.

Khvay Samnang est un passeur-conteur : essentiellement avec des performances et des vidéos, l'artiste cambodgien incarne de façon poétique les destins de communautés de son pays, minorités isolées ou populations marginalisées par les récents bouleversements économiques. Son travail relie en profondeur la nature, polluée, menacée, mais aussi spirituelle et sacrée, et une culture devenue source de conflits et de déshumanisation. Il participe cette année à Documenta 14 à Athènes et Cassel.

Phan Thao-Nguyen rassemble des micro-histoires, des archives enfouies, des contes et des dictons populaires pour composer ses propres mythologies. Elle peint sur des livres et des films radiographiques, jouant sur la transparence et l'accumulation de sens pour créer ce qu'elle nomme des "palimpsestes fictionnels".

L'artiste thaïlandais Arin Rungjang met au jour les secrets de l'histoire et de l'identité de son pays, questionnant audacieusement les bases de son système de croyances. À partir d'objets uniques, souvent symboliques, et autour d'un dialogue entre vidéos et oeuvres sculpturales, il oppose l'enchevêtrement d'histoires individuelles au pouvoir institutionnel dominant.

L'artiste thaïlandais Arin Rungjang met au jour les secrets de l'histoire et de l'identité de son pays, questionnant audacieusement les bases de son système de croyances. à partir d'objets uniques, souvent symboliques, et autour d'un dialogue entre vidéos et oeuvres sculpturales, il oppose l'enchevêtrement d'histoires individuelles au pouvoir institutionnel dominant.

L'Indonésien Jompet Kuswidananto a fait de l'histoire violente de son pays et de sa mémoire, des croyances et de leur pouvoir d'émancipation, la matière d'une oeuvre polymorphe et théâtrale.