On avait beau la savoir malade, sa disparition, le 2 juin dernier à tout juste soixante-dix ans, a résonné comme un coup de tonnerre dans le ciel de la musique d'aujourd'hui. Portrait d'une créatrice ennemie des dogmes, qui laisse une oeuvre foisonnante, nourrie de multiples influences mais infiniment originale, « lumineuse, enjouée, virtuose », comme la musique de Mozart, qu'elle adorait.

"Il n'est aucun homme en qui il ne se trouve une semence de folie, qui réveillée, peut se multiplier presque à l'infini." Qu'on se le dise : pour Baldassare Castiglione, tout le monde est - plus ou moins - dérangé. Mais cette "semence de folie" n'est pas toujours ce qu'on voudrait croire - et surtout pas la Folia, danse d'origine portugaise nullement égarée. Dans les farces médiévales, le Niais est souvent sage, clamant ce que l'on préférerait voir tu. Ainsi des bouffons et bouffonnes. François 1er avait Triboulet - dont Verdi fera Rigoletto -, Catherine de Médicis aura Cathelot.

Bientôt un siècle que sa ritournelle obsédante a conquis la planète entière. Oeuvre hors norme, le Boléro n’en finit pas d’inspirer les artistes de toutes disciplines, comme en témoigne un film d’Anne Fontaine qui sort ce mois-ci. De leur genèse au feuilleton rocambolesque des droits d’auteur, dansées, filmées ou enregistrées, retraçons l’histoire de ces quelque trois cent quarante mesures qui, sous une apparente simplicité, font voler en éclats les lois du rythme, de la mélodie, de la tonalité. Sommaire. La mécanique du tube. Eh bien, dansez maintenant ! Le casse du siècle. Ecran large.

Grégoire le Grand, Hildegard von Bingen, Aliénor d'Aquitaine, Adam de la Halle, Beatriz de Die, Guillaume de Machaut... Illustres ou méconnus, nombreux sont les acteurs de la musique tout au long du Moyen Age. Mais, de la chute de l'Empire romain à la fin du XIVe siècle, moment où l'esthétique, de médiévale, devient pré-renaissante, qui fait vraiment la musique ? Où ? Comment ? Réponses en quelques portraits choisis.

Méchantes, jalouses, criminelles, empoisonneuses, et autres infanticides font très tôt leur apparition sur scène. Après les premiers opéras, fables pastorales issues de l'engouement pour la Grèce antique, le genre intègre l'épique, qui fait la part belle à la magie.

Des compositrices médiévales à la jeune Camille Pépin, nombreuses sont les Occidentales qui ont manifesté des dons créateurs indéniables. Certains hommes n'ont pas craint d'appeler à leur mise à l'honneur: "Une tête féminine doit aussi décorer notre musée", déclarait Schumann dans sa revue musicale ; "Quand sera brisé l'infini servage de la femme [...] elle sera poète, elle aussi !" prédisait Rimbaud dans ses "Lettres du voyant". Redonner vie, une vie durable, à leur musique est l'enjeu actuel.

Grand absent du Festival Présences qui l'honorait en 2019, Wolfgang Rihm était malade depuis quelques années déjà. Avec lui disparaît un compositeur singulier, insatiable curieux et généreux pédagogue. Reste une oeuvre immense, à son image : sans dogmatisme, expressive et profondément originale.