Certains ont leur Deep South, nous, nous avons le Grand Est. Cornécourt, Epinal et, quelques kilomètres plus loin, Nancy... Par cette géographie ultra-locale (et imaginaire, pour certains lieux... ), Nicolas Mathieu réussit à toucher l'universel. Avec de petites choses, et ceux « qui ne sont rien », pour paraphraser un président, le Goncourt 2018 nous entraîne irrésistiblement.

Quand elle embrasse une histoire, eût-elle l'ampleur de l'Empire romain, Françoise Chandernagor étreint tout, les chiffres et les lettres, les hommes et les idées, le grand et l'infime, le gros et le détail, le drôle et le tragique. La conteuse livre aujourd'hui le quatrième et dernier volume de la saga de Séléné, sa chère reine oubliée, unique descendante de Marc Antoine et de Cléopâtre.

Gageons - et espérons ! - que l'extraordinaire "Utopia Avenue" sera le roman par la grâce duquel David Mitchell fera son entrée dans la catégorie des grands écrivains étrangers enfin célébrés en France.

Loin des sorties tonitruantes avec force surexposition médiatique et sujets à polémiques, le succès peut aussi reposer sur la discrétion. S'il n'a pas forcément la notoriété de bien des auteurs contemporains, Akira Mizubayashi n'en finit pas, semaine après semaine et sans faire grand bruit, de conquérir de nouveaux lecteurs. Qui aurait pu imaginer qu'un (certes magnifique) roman comme "Ame brisée", histoire d'un violon cassé nous ramenant aux horreurs de la guerre, aurait connu un si beau destin ?

Voilà un écrivain français qui aime à faire froid dans le dos. A l'image du titre de son premier roman : "Glacé". Comment oublier cette ouverture, avec ce cadavre de cheval décapité dans les hauteurs des Pyrénées ? Non content de recevoir un beau succès public dès sa parution en 2011, ce thriller d'une grande efficacité a permis à son auteur de connaître une renommée mondiale- jusqu'à figurer dans la liste, établie par le prestigieux "Sunday Times", des 100 meilleurs romans policiers publiés depuis 1945.

L'extraordinaire roman graphique de Jean-Marc Rochette, "La Dernière Reine" est désignée « livre de l'année 2022 ». Une oeuvre majeure du neuvième art qui, n'en doutons pas, saura séduire (et bouleverser) un large lectorat - y compris du côté des réfractaires aux bulles et phylactères. Il est ici question des gueules cassées de 14-18, des ours du Vercors, de la sauvagerie humaine, de la montagne, de la relation complexe entre un homme et une femme, etc.

En quoi la nécessité d'étudier le mal pour l'affronter nous met-elle en danger ?

C'est l'histoire d'un « homme anonyme et quelconque », dont le « visage n'est sur aucun tableau, sur aucune gravure, dans aucun livre d'histoire ». Pire, « de toutes /es archives de son siècle, la France ne conserve de lui qu'une seule photographie» et «personne n'entoure de légende sa discrétion ni de grandeur sa maladie ». Pourtant, son génie devait, un jour ou l'autre, être mis à l'honneur. Il était donc temps de réhabiliter Augustin Mouchot (1825-1912) et, avouons-le, nous étions jusqu'alors peu à connaître son nom.

Le succès mondial de "Changer l'eau des fleurs" a fait de la romancière de Gueugnon - par ailleurs compagne de Claude Lelouch - une personnalité en vue, qui préfère toutefois la discrétion. Portrait d'une raconteuse d'histoires dont l'humilité et l'authenticité ont séduit les lecteurs.

Célèbre figure du poker - à la fois comme joueur, journaliste, communiquant et animateur de programmes télé -, ce quinquagénaire flegmatique a su imposer en quelques années sa signature dans le thriller français. Au moment où sortent son nouveau roman, "D'entre les morts", et la terrifiante adaptation cinématographique du "Mangeur d'âmes", rencontre cartes sur table.

Passionné de culture fantastique, de moto, de rock et de jeu de rôle, ce descendant d'un grand nom du roman-feuilleton d'antan construit depuis un quart de siècle une oeuvre littéraire oscillant entre thrillers ésotériques, polars historiques, fantasy et anticipation - à l'image du récent "Pour ne rien regretter". Rencontre avec un fervent défenseur de l'imaginaire. Et de la liberté.

Un nom pourrait en remplacer un autre. Ainsi, après la lecture "D'or et de jungle", on aurait envie de surnommer l'un de nos plus célèbres académiciens Jean-Christophe "Ruffian" - ceux qui se souviennent d'un vieux film de José Giovanni avec Lino Ventura connaissent forcément ce mot.

Révélée avec un "Blizzard" porté par l'enthousiasme des libraires, la romancière revient avec l'un des livres les plus attendus de la rentrée, "Les Âmes féroces". Rencontre avec une avocate spécialisée dans le droit du travail, qui est aussi, et avant tout, une amoureuse de la littérature américaine.

L'oeuvre d'un écrivain a tout d'un nuancier, avec sa palette de couleurs. Ainsi, vingt-cinq ans après "Les Rivières pourpres" (et près de vingt ans après "La Ligne noire"), Jean-Christophe Grangé nous propose aujourd'hui "Rouge karma". En un peu plus d'un quart de siècle, cet ancien journaliste a imposé sa patte, et prouvé qu'en France on pouvait signer d'ambitieux thrillers horrifiques, dans la lignée du "Silence des agneaux" de Thomas Harris - un registre très loin des codes du polar et du noir local, tel qu'on le connaissait jusque dans les années 1990.

C'est l'une des plus belles histoires éditoriales de ces dernières années. Ainsi, lorsqu'elle mettait en ligne son premier roman, afin d'avoir des retours et d'être lue par quelques proches, Mélissa Da Costa n'imaginait pas, raisonnablement, qu'elle serait rapidement publiée par un véritable éditeur. Et encore moins que "Tout le bleu du ciel" s'imposerait, au fil des années, comme un immense succès de librairies, poussé par un bouche-à-oreille qui continue de s'amplifier avec les années.

Petite visite chez cet auteur plus déjanté qu'il n'en a l'air, dans sa maison du Val-d'Oise, au moment où, outre un nouveau roman, sort en salles l'adaptation de son succès "Complètement cramé "!. Une demeure aux airs de décor de comédie familiale, avec un chien appelé Rambo, des maquettes en Lego et une curieuse machine à suppositoires...

Vous voulez savoir à quoi ressemble un romancier heureux ? Regardez donc Pierre Lemaitre ! Ses polars ont fait sa réputation première avant de charmer jusqu'au "New York Times". Son premier roman de littérature « blanche », "Au revoir là-haut", a obtenu le Goncourt en 2013. Ce Goncourt, adapté à l'écran, a triomphé au cinéma... Alors que bien des récipiendaires du prix voient les ventes de leurs livres suivants chuter, celles des romans de Pierre Lemaitre se sont maintenues : "Le Grand Monde", dont la suite vient de paraître, a embarqué des centaines de milliers de lecteurs.

Connue grâce à son blog sur la maternité, la jeune femme s'est imposée en romancière à succès avec ses fictions pas si légères - "Luna, "Sarà perché ti amo" ou le récent "Felicità". Rencontre à Metz avec cette « Wonder Mum » d'origine italienne, fan de chansons populaires.