La montagne, son manteau neigeux, son air 0% de matières sales... Plus que jamais, le citadin rabougri a envie de prendre de la hauteur. Mais pas forcément pour faire le fou sur des pistes de ski ou de boîte de nuit. Respirer, s'amuser, se changer les idées. Après vingt mois de fermeture, les stations redoublent d'imagination et d'efficacité pour lui montrer qu'il n'y a pas que les raquettes et la raclette.

Qui n'a jamais mimé, avec le ridicule que cela inclut, un solo de Jimi Hendrix devant sa glace, raquette de tennis ou brosse à cheveux en main ? Chez beaucoup, l'enfermement, l'ennui, le désarroi ont ranimé un rêve d'adolescent : faire l'amour avec sa gratte.

Après une année de frustration, les Français ont besoin de s'évader, de respirer, de rêver. Sans quitter l'Hexagone pour autant. Cette demande est comblée par de jeunes entrepreneurs épris de vieilles pierres qui réinventent l'hôtellerie à la papa, dans des domaines d'exception où riment beauté, poésie et joie de vivre.

Avant, on braquait les banques ou les bijoux des rombières. Aujourd'hui, on braque les masques destinés aux hôpitaux. Avant, on allait s'acheter une chemisettes demi-saison "made in Taïwan" pour l'été. Aujourd'hui, on espère que l'ami chinois nous vendra ses stocks FFP2 et l'on se fabrique de jolis masques artisanaux avec des tutos...

L'enfermement, l'inactivité ont donné à certains l'envie de reprendre crayons, pinceaux ou fusains. Sur un coin de table ou sur un balcon, ils ont renoué avec cette atavique pulsion : croquer son décor, ses proches ou ses songes. Un amateurisme heureux, loin des bouffissures autolâtres et du mercantilisme désormais attachés au statut d'artiste contemporain. En complément de l'article, l'éclairage du peintre Pierre Lamalattie qui déclare : "Les amateurs jouent un rôle décisif".

Serait-ce la revanche de Claude Lévi-Strauss, l'anthropologue français hostile à "la civilisation en masse" produite en monoculture, "comme la betterave", sur Levi Strauss, le vendeur de jeans américain ? Tandis que le marché mondial marque le pas, de jeunes griffes françaises se remettent en selle. Avec succès.

Jadis, on vendait des savoir-faire, des talents incarnés. La France exportait ses grands couturiers, ses chefs étoilés, ses belles actrices, ses grands écrivains tourmentés. Aujourd'hui, on vend des concepts. Dans le monde de l'édition et de la mode, celui de "la Parisienne" cartonne. Mince, élégante, intelligente, cet ectoplasme est censé posséder toutes les qualités. Très loin de la réalité !

Celles de Baudelaire sont bien inoffensives comparées aux plantes vénéneuses, bourrées de pesticides, qui ont envahi nos intérieurs, jardinières, balcons, espaces publics. Sous la végétalisation bobo, le poison de la mondialisation. Productivisme, dumping social, spéculation, appauvrissement des terres et des populations : c'est la totale ! En France, près de neuf fleurs coupées sur dix sont impliquées.

Les lois de la biologie et la voracité du marché ont frappé. Le Français grandit (et grossit) en taille, mais sa maison rapetisse en mètres carrés. Comment caser sa famille dans une cage à poules ? Les solutions existent, il vaut toujours mieux un petit chez-soi qu'un grand chez les autres.

Il est loin le temps où les skieurs jouaient les cadors sur les pistes. L’époque est à la sobriété. Face à un avenir incertain, les stations de ski jouent leur va-tout pour attirer les accros de la poudreuse au pouvoir d’achat décimé par l’inflation.

Nos logements évoluent, et, avec eux, nos moeurs et nos humeurs. On ne vit pas, on ne pense pas, on n'aime pas de la même façon sous un plafond de 3,50 m et dans un trois-pièces bas du front. « Vista » des architectes d'intérieur, souci de rentabilité des promoteurs, baisse du pouvoir d'achat des ménages redessinent une carte du tendre domestique.

Si à 50 ans, tu n’as pas ta Rolex vintage, t’es vraiment un chelou ! Qu’elles soient introuvables sur le marché du neuf ou tout simplement moins chères, les montres de seconde main font, chaque jour, de nouveaux adeptes.

Quand les frontières entre l'intérieur et l'extérieur s'effacent, on aménage son jardin ou sa terrasse comme sa maison. Le bonheur est sous la véranda et le marché de l"'outdoor" gagne du terrain chaque année.

La natalité française est au plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale, tandis que l'adoption des animaux de compagnie, en particulier des chiens, connaît un boom mondial. Pour le couple débordant d'amour, mais non de moyens, la question du choix se pose parfois douloureusement...

Pâle copie pour les uns, alternative accessible et innovante pour les autres, le diamant synthétique sème la dis corde dans le milieu de la joaillerie. Il n'empêche que le marché est en pleine expansion et que les cailloux de laboratoire sont partout...