Que font les objets dans la littérature ? On ne s'interroge pas souvent sur leur statut. Cependant, la littérature les célèbre en donnant la préférence aux objets inutiles, vieillis ou insolites : le non fonctionnel prime sur le fonctionnel, surtout aux XIXe et XXe siècles, époque caractérisée pourtant par la rationalisation scientifique et l'industrialisation. Le livre de Francesco Orlando analyse ce paradoxe et s'attache, dans l'immense production de marchandises neuves, aux objets mélancoliques ou grotesques que la littérature nous présente, aux évocations historiques ou réalistes, aux sortilèges de la mémoire, à l'obsession symbolique, aux listes magiques, aux atmosphères sinistres, aux joyaux occultés, à la nature hostile, au kitsch vulgaire et au bazar élégant.

On ne lit pas un texte, on le construit, c'est-à-dire qu'on l'invente. La critique postextuelle cherche à mieux décrire en quoi consiste ce travail d'invention, et quelles sont les règles auxquelles il doit obéir. Il s'agira, entre autres, d'en finir avec le mythe du « respect du texte », héritage encombrant que nous a laissé la critique « immanentiste ». La meilleure manière d'analyser et d'expliquer un texte est de s'en imaginer soi-même l'auteur. Et Proust ? L'oeuvre proustienne est « non encore faite », donc, « oeuvre à faire » (Albert Thibaudet). Lire Proust, c'est entrer dans un courant créateur.

Cette étude montre comment O. Cadiot et N. Quintane incarnent, malgré la prétendue mort des avant-gardes, la poursuite de l'invention littéraire. Les tensions qu'ils ravivent entre littérature et monde contemporains produisent une joie qui impose à l'apathie actuelle une autre radicalité esthétique et politique.

Si le «roman populaire» apparaît au XIXe siècle, les traits indiquant que l'on a affaire à un fonctionnement narratif «populaire» pourraient se retrouver à des époques antérieures, sans édition ni lectorat de masse. Ce livre part du phénomène socio-historique qu'est la littérature de grande diffusion pour développer une réflexion théorique sur la littérature populaire, en affirmant que les formes et pratiques du XIXe siècle ne font que réactiver une tendance profonde de l'art narratif. Les fictions populaires ne sont pas des sous-produits de l'activité éditoriale, mais des oeuvres qui jouent directement avec les mécanismes essentiels de l'écriture romanesque.

Issues d'un colloque tenu en 2021, des contributions examinant les nombreux soulèvements en Europe et en Amérique des années 1820, creuset des consciences nationales et de la circulation des idées libérales. Les auteurs étudient leurs causalités et leurs conséquences à travers l'analyse circonstanciée de contextes particuliers en Grèce, en Espagne, en Roumanie, en Italie, en Colombie et en Serbie. ©Electre 2024

«L'occupation des oisifs» : telle est, pour Flaubert, l'idée communément «reçue» sur la littérature. Bernard Pingaud confronte ici son expérience personnelle de l'écriture avec les propositions des théoriciens de la «littérarité». Il évoque aussi les effets de la publication sur la littérature et la transformation de l'écrivain, une fois édité, en auteur propriétaire chargé d'«accompagner» son oeuvre dans le «champ littéraire». Il s'interroge enfin sur l'avenir du livre à l'âge du numérique. Vient ensuite, en complément des pages théoriques de l'ouvrage et sous le titre L'Honnête Courtier emprunté à Blanchot, un choix d'articles publiés dans la presse entre 1950 et 2000. Ces textes font écho à la rumination constante de l'écrivain sur son propre travail.

Par l'étude de textes méconnus, écrits journalistiques, littéraires ou épistolaires, cet essai analyse l'oeuvre d'A. Camus sous l'angle du refus de l'exclusion et de la définition d'un seuil minimal d'humanité. Des visages-clés de la souffrance et de la vulnérabilité humaines s'en dégagent. Les thèmes associés à ces visages sont révélateurs d'un profond souci des autres.

Cette revue annuelle entend réunir les études de littérature française dans leur pluralité, dans un esprit de débat et d'ouverture, de questionnement sur le devenir des études littéraires dans un monde culturel que la mondialisation veut de plus en plus uniforme. Les auteurs interrogent les continuités et les ruptures, ainsi que le rôle de la critique savante aujourd'hui.

Enfant du peuple et admirateur de Napoléon sous la Restauration, Julien Sorel choisit par ambition la voie de l'hypocrisie et du calcul pour gravir les échelons sociaux, mais sa sensibilité sera la plus forte. Avec une introduction qui situe l'oeuvre dans son époque et en explique la genèse.

Les principes fondamentaux de la philosophie politique de ce théoricien du droit constitutionnel dont l'influence sur la Révolution française fut déterminante se précisent à travers ses réflexions sur la révolution américaine qui l'a précédée.

Solange M. Guénoun, « Quelles fins pour le XXe siècle ? À quelles fins ? Pour quels peuples ? De quelques fictions de la gauche intellectuelle française : 1979/1989, 2001/2011 »

Émilie Brière, «Parcourir l'actualité : Jean Rolin»

Biographie de François de Lorraine, duc de Guise, l'un des grands acteurs politiques du royaume de France entre 1547 et 1563 : riche capital lignager qu'il fait fructifier avec le soutien de toute la maison de Guise, bras armé du projet de monarchie universelle d'Henri II, puis défenseur des catholiques et de la couronne des fragiles François II et Charles IX.

La poésie française de la Grande Guerre est méconnue. Suspectée dès la fin du conflit, elle fut peu à peu oubliée au cours du XXe siècle. L'enquête part de ce constat pour interroger la dialectique du souvenir et de l'oubli, et la valeur du témoignage littéraire. Située au carrefour de l'étude littéraire et du questionnement historique, elle observe les interactions de l'expérience combattante et de l'activité poétique chez Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, René Dalize, André Salmon, Georges Duhamel, Jean Le Roy et Louis Krémer. S'adressant aux littéraires comme aux historiens, le livre est un éloge de la poésie : instrument de connaissance et d'interprétation, elle renouvelle profondément notre perception de la guerre.

Le fils d'Ulysse et de Pénélope, Télémaque, part à la recherche de son père accompagné de Mentor. Homère a fait de ce voyage la première partie de L'odyssée. Fénelon a choisi cette trame pour un roman d'éducation, destiné au jeune duc de Bourgogne, autour de l'amour, la guerre, la pensée politique, le sens de la morale et l'aspiration au bonheur. (Electre)

Publiée en 1544, la Délie inaugure la mode des recueils. Ses 449 dizains sont scandés par cinquante emblèmes, qui rendent plus étrange encore un texte complexe ayant pu apparaître comme un essai de poésie pure.

Ces deux oeuvres décrivent les effets du célibat chez deux figures balzaciennes : le prêtre et la vieille fille. Elles étudient aussi avec rigueur les rivalités sociales, politiques et individuelles dans deux villes provinciales sous la Restauration. ©Electre 2021

Du Caucase à l'Afghanistan, en passant par la Perse et l'Azerbaïdjan, A. de Gobineau s'est inspiré de ses nombreux voyages pour ces six nouvelles où se croisent tour à tour des danseuses envoûtantes, de mystérieux derviches, des officiers turcomans et des amants éperdus. ©Electre 2019

Un recueil de nouvelles ayant pour cadre la Normandie. La vie rurale rythmée par la nature y est parfois décrite avec cynisme, mais aussi avec humour et compassion. L'auteur révèle la tristesse profonde cachée sous les apparences et comment la morale collective place l'intérêt au-dessus de tout. Cette édition révèle les sources d'inspiration de Maupassant et sa maîtrise du récit court. ©Electre 2019

A Paris, sur un banc du boulevard Bourdon, M. Bouvard et M. Pécuchet font connaissance et se découvrent des affinités. A l'occasion d'un héritage, Bouvard achète une ferme à Chavignolles, où les deux compères vont s'installer. C'est le début d'expériences agricoles, puis toutes les connaissances du monde passeront au peigne fin de leur curiosité. Roman inachevé, publié à titre posthume. ©Electre 2018

Reprise de cette édition critique des oeuvres du poète établie par Suzanne Bernard (1913-2007). ©Electre 2018

Réunit trois romans de Balzac, accompagnés d'un appareil critique. ©Electre 2018

Cet ouvrage témoigne de la vie intellectuelle de la fin du XIIIe siècle florentin et se situe dans le sillage de Brunetto Latini auquel l'auteur fut très lié.