Depuis 1992, année de la formation d'Aka Moon, une série d'albums a marqué l'histoire du mythique trio de jazz. Après un parcours initiatique en Centrafrique en compagnie des Pygmées Aka, Fabrizio Cassol, Michel Hatzigeorgiou et Stéphane Galland entament un travail musical en profondeur alors totalement nouveau, notamment sur les aspects rythmiques. Le premier choc : l'Inde ; deux albums y sont enregistrés et la rencontre avec le grand percussionniste carnatique U. K. Sivaraman (musique de l'Inde du Sud) va profondément marquer le groupe. Puis c'est à nouveau l'Afrique et la rencontre avec le maître du Sabar sénégalais Doudou N'Diaye Rose qui crée de nouvelles "constellations" musicales. Ces dernières vont ensuite se multiplier (collaboration avec un Big Band de DJ's, des musiciens des Balkans, ou encore l'incursion des sonates de Domenico Scarlatti au sein d'un quartet de jazz...). Le 20e et dernier disque de ce coffret est un enregistrement inédit : Light ship trio.

Aussi loin que peut remonter sa mémoire, Paul Badura-Skoda a ressenti un lien très étroit avec la musique de Franz Schubert. Et à un moment où les connaissances musicologiques sur son oeuvre étaient encore rudimentaires, il a analysé les principales éditions originales et les manuscrits, afin de relever les erreurs qui s'étaient peu à peu installées, et de mettre en place des versions Urtext qui font aujourd'hui référence. Il a également complété certains mouvements laissés inachevés par Schubert, en prenant toutefois garde à ne pas introduire de compositions étrangères à l'oeuvre du compositeur. Le choix d'instruments d'époque peut encore surprendre les partisans des pianos modernes. Mais personne ne peut ignorer l'importance d'une démarche qui, en s'appuyant sur les couleurs et les possibilités sonores des instruments que Schubert connaissait, utilisait, et pour lesquels il a écrit ces ouvres, favorise une plus grande intimité avec cette musique.

« Enigma » est le terme grec pour énigme, mystère, secret. Au moment d'entrer dans la vie ou de la quitter, il y a toujours un son : le cri du nouveau-né ou le dernier soupir du mourant rendant l'âme. La soprano Sarah Aristidou se met en quête du son originel dans ce programme, qui s'ouvre avec le lamento turco d'Andreas Tsiartas. La voix émerge du silence dans une lamentation sans paroles sur la voyelle a. La pièce se termine par un cri déchirant et « archaïque »... La vocalise de Rachmaninov emploie aussi la voyelle a... Dans le pâtre sur le rocher de Schubert, un berger chante à travers la vallée : « plus ma voix porte et plus elle me revient, claire ». Dans répétition planétaire de Messiaen, l'appel de la chanteuse « ahi » est accompagné par la musique des planètes et des étoiles... Après avoir visité les musiques de wolf et de Ravel, l'odyssée se termine avec une oeuvre de Jorg Widmann pour clarinette, soprano et piano autour des voyelles a et o. Jorg Widmann tient évidemment la partie de clarinette, tout comme pour le pâtre de Schubert, avec Daniel Arkadij Gerzenberg au piano.

Dans le coffret qui avait révélé limmense personnalité de jacques arcadelt il manquait lune de ses messes. Voici donc ce complément indispensable. Le choix de leonardo garcia alarcon sest porté sur la missa noe noe qui est présentée ici dans le contexte de la liturgie de noël. A cette messe sont joints des motets du maître namurois, mais aussi du modèle absolu que représente josquin desprez pour les musiciens de sa génération. Et, en apothéose du programme, limposant benedicta es coelorum regina à six voix de josquin dans sa version augmentée à 12 voix par jean guyot de châtelet, un autre compositeur wallon à découvrir !.

Dans le répertoire polyphonique italien de la Semaine Sainte de la première moitié du XVIème siècle, les deux livres de Lamentations et répons à quatre voix pour l'office des Ténèbres du Triduum pascal de Paolo Aretino (Paolo Antonio del Bivi, 1508-1584) se distinguèrent de manière particulière par leur organicité, leur exhaustivité et leur singularité. Parus respectivement en 1544 (Répons) et en 1549 (Lamentations), les deux volumes furent rééditées en 1563, ce qui est peu fréquent pour ce type de recueil. Maître de chapelle de la cathédrale et de Santa Maria della Pieve à Arezzo, considéré à son époque comme un emblème de la gloire de la ville, tout comme son concitoyen, l'écrivain Pietro Aretino, Paolo Aretino eut de fréquents contacts avec la cour florentine de Médicis; et c'est précisément la tradition florentine - comprenant l'utilisation régulière de la polyphonie pendant le Triduum - qui est à l'origine de certaines caractéristiques, telles que l'utilisation des voix égales mais surtout un style déclamatoire grave et solennel, étroitement lié à la structure du texte. Tout cela toutefois avec un haut degré de raffinement, et avec l'émergence de combinaisons de voix rarement présentes dans la musique italienne de lépoque, comme l'utilisation de deux ou trois voix de basses et dune basse profonde. Ce fut le cas, par exemple, dans les Lamentations du Samedi saint, que cet enregistrement présentent dans leur intégralité avec les répons correspondants.

Cet album montre comment la prière à Taizé est sans cesse renouvelée tout en gardant des fondements constants à travers les années. De nombreux chants présentés ici sont nouveaux : composés par les frères de Taizé entre 2012 et 2017, ils sont enregistrés ici pour la première fois. D'autres font partie de la prière de la communauté depuis des années. Peu proviennent d'une tradition plus ancestrale à l'instar de l'hymne pour les églises allemandes évangéliques du XVIIe siècle et d'une litanie reposant sur des antiphones datant de la tradition très ancienne de l'glise. (Electre)

Composée en 1944 et créée à Paris Salle Gaveau le 26 mars 1945 par Yvonne Loriod, cette ouvre est le second des grands cycles pianistiques d'Olivier Messiaen et une pièce majeure du compositeur et du répertoire pour piano seul. Elle trouve bien sûr sa source dans la spiritualité et dans la foi d'Olivier Messiaen.

La Passion selon Saint Jean d'Alessandro Scarlatti est la première Passion écrite en Italie au XVIIe siècle. Scarlatti traite le rôle de l'Èvangéliste (un registre de mezzo soprano) d'une façon très particulière, accordant à son récit de nombreux accents émouvants. La voix du Christ (basse) est constamment auréolée d'un accompagnement de cordes. La version proposée par Leonardo García Alarcón intercale des méditations confiées au choeur ; celles-ci proviennent des répons pour la Semaine Sainte, compositions polyphoniques qui révèlent un genre très peu connu pratiqué par ce compositeur.

La Sonate nÊ32 pour piano op.111 constitue une démonstration de modernité radicale. Elle entame l'éclatement formel de la sonate - pilier formel pour tout compositeur du XVIIIe siècle - et introduit une nouvelle façon de construire la phrase musicale, jusqu'à être considérée par certains comme les prémices du jazz. Les innovations apportées dans le domaine rythmique ont laissé perplexes la plupart des contemporains du compositeur. Voici un espace idéal à investir avec le trio Aka Moon qui fait appel pour l'occasion à trois personnalités musicales fortes : le chanteur Fredy Massamba, "story teller" africain, l'étoile montante de l'accordéon portugais Joo Barradas et le pianiste Fabian Fiorini. C'est dans ce carrefour aux résonances multiples que Fabrizio Cassol approche cette sonate, en synchronisant des espaces émotionnels au-delà des époques, des cultures, des points de vue sociaux ou esthétiques.

Les injustices de l'Histoire étant faites pour être réparées, l'équipe de chanteurs internationaux placée sous la baguette dynamique de Gergely Madaras s'emploie avec conviction à ressusciter l'un des fleurons de l'opéra romantique français pourtant tombé dans l'oubli. En effet, Hulda, achevée en 1885, ne fut jamais montée sur scène du vivant de César Franck. Cette sanglante légende médiévale narre les multiples vengeances de son héroïne à lencontre du clan Aslak, bourreau de sa famille, puis d'Eiolf, l'amant infidèle. ? l'incarnation féroce de la soprano américaine Jennifer Holloway, répondent les sinistres pressentiments de la Française Véronique Gens et les tendres élans amoureux de la Néerlandaise Judith van Wanroij. Si l'imaginaire norvégien évoque celui des productions wagnériennes, le compositeur creuse le sillon du grand opéra français tout en adoptant le langage verdien de la même époque. L'intensité de l'action se traduit par des recherches harmoniques et instrumentales qui placent Franck en tête des modernités de son temps. L'inventivité du ballet n'a d'égal que la splendeur de l'écriture chorale. Comment un tel chef-d'oeuvre a-t-il pu être oublié ? Cest qu'il fut savamment enterré par les élèves du compositeur, qui préférèrent se réserver la gloire d'incarner le renouveau lyrique de la scène française.

Le point de départ du troisième enregistrement que Barbara Hannigan réalise pour Alpha est une oeuvre de Gérard Grisey (1946-1998) qui lui tient particulièrement à coeur : "J'ai conçu les Quatre Chants pour franchir le seuil, écrit le compositeur, comme une méditation musicale sur la mort en quatre volets : la mort de l'ange, la mort de la civilisation, la mort de la voix et la mort de l'humanité. (...) Les textes choisis appartiennent à quatre civilisations (chrétienne, égyptienne, grecque, mésopotamienne) et ont en commun un discours fragmentaire sur l'inéluctable de la mort." Luigi Nono (1924-1990) est un compositeur engagé. Saisissante monodie, véritable cri déchirant pour soprano solo, Djamila Boupacha dont Picasso a également fait un portrait au fusain était une combattante algérienne, torturée par des parachutistes français pendant la guerre. Toujours en "chanté/dirigé" avec ses amis du Ludwig Orchestra, Barbara Hannigan complète ce dyptique du Xxe siècle avec une symphonie classique du maître du genre, Joseph Haydn, qui lui aussi traite du thème de la Passion et dont elle donne une interprétation très intense et très personnelle.

« après mon album portrait: philip glass, sorti en 2008, j'ai eu le goût de replonger dans l'oeuvre colossale de ce compositeur iconique de notre époque. Son oeuvre a et aura encore longtemps un impact sur la vie musicale. La musique de glass m'a toujours fascinée. Elle m'envoûte et, depuis bien des années, me nourrit et m'a fait grandir intellectuellement et musicalement. Compositeur des plus prolifique, le choix d'oeuvres ne manquait pas. Avec la même approche, vous trouverez ici, dans ce 48e album, des oeuvres significatives qui m'ont interpellée. Une grande diversité, à l'image de son oeuvre : des musiques pour le théâtre, le cinéma, orchestre de chambre ou symphonique. Des oeuvres plus anciennes et d'autres plus récentes, étalées sur près de 50 ans! merci de m'avoir donné 'carte blanche' pour ces oeuvres que j'ai revisitées pour mon ensemble. » --- angèle dubeau ---.

La suite pour orchestre, que l'on appelle parfois simplement "ouverture" à cause de l'importance de son premier mouvement, jouissait d'une grande popularité au début du XVIIIe siècle, en particulier en Allemagne centrale. Bach avait découvert ce genre pendant sa jeunesse et l'a cultivé jusqu'à sa période tardive, à Leipzig. Voici réunies 4 ouvertures-suites, dont la célèbre Suite nÊ2 BWV 1067, qui fait partie des oeuvres tardives. De nombreuses erreurs de copie dans les parties originales incitent à penser que l'oeuvre avait été écrite à l'origine un ton plus bas (en la mineur) et donc probablement pour un autre instrument soliste que la flûte traversière : dans le présent enregistrement, cette première version, déterminée à partir des indices mentionnés, est jouée avec un hautbois soliste.