Il répond aux questions en espagnol. Ce qui n'est guère surprenant. Mais il comprend parfaitement le français, au point de reprendre l'excellente traductrice quand un mot ne lui va pas ou lorsqu'une précision s'impose. Pedro Almodovar, 59 ans, polo à rayures vertes, un coussin calé derrière les reins à cause d'un dos fourbu, se prête à l'interview comme si sa vie en dépendait. Concentré, bavard, souriant, sérieux.

Laetitia Casta muse de Tsai Ming-Liang. Tarantino entre en résistance. Vincent Gallo chez Coppola. Charlotte Gainsbourg exorcise Lars Von Trier. Marceau / Belluchi : Volte / Face. Alain Resnais élève des herbes folles...

Dans les films de Pedro Almodovar, Antonio Banderas est toujours inquiétant : peloteur, psychopathe ou assassin... Avec ″La Piel que habito″, il retrouve pour la sixième fois celui qui l'a vu naître au cinéma.

Etreintes brisées de Pedro Almodovar raconte un amour contrarié entre un réalisateur aveugle et son héroïne (Pénélope Cruz). Au-delà de l'intrigue court en filigrane un chant d'amour pour le cinéma, les acteurs et leur voix. Recueil mot à mot des paroles du cinéaste, qui garde une fraîcheur et un humour intacts

Avec « Les Amants passagers », Pedro Almodovar referme une parenthèse dramatique qui aura duré vingt ans pour renouer avec la comédie pure et la provoc de ses débuts. Le cinéaste espagnol, plus turbulent que jamais, en profite pour revisiter les scènes chocs d'une filmo qui n'en manque pas.

Volver, qu'on pourrait traduire par revenir, marque le retour de Pedro Almodovar à sa région natale, à la figure de la mère et à ces beaux personnages de femmes qui émaillent sa filmographie.

Après Volver (2006) où il revenait sur son enfance à travers une région (la Mancha) et de superbes portraits de femmes, Pedro Almodovar demeure dans le registre de l'intime, mais différemment. Mélange de film noir et de mélodrame flamboyant situé dans les milieux du cinéma, Etreintes brisées rappelle La Mauvaise Education (2004) jusque dans ses allers-retours temporels.

Après s'être réapproprié les codes du mélodrame pour livrer une série de grands films, de ″Tout sur ma mère″ (1999) à ″Etreintes brisées″ (2009), Pedro Almodovar prend un tournant vers le film noir avec ″La piel que habito″ (en français, ″ La peau que j'habite″). Librement inspiré de l'excellent polar de Thierry Jonquet ″Mygale″, son scénario réactualise le thème du savant fou à l'heure de la vengeance et de la loi du désir.

Dans son dernier film, Pedro Almodovar s'intéresse avec finesse et légèreté à la thérapie par le dialogue et aux blessures intérieures de quatre personnages malades de solitude.

Le va-et-vient de la création, de l'écriture à l'image, des souvenirs à l'imaginaire.