La question de la présence du sacré dans l'espace public ne se limite pas à quelques accessoires de mode vestimentaire et autres objets ostentatoires. Elle est également un fait d'architecture. La place de la religion dans le paysage urbain ou celles que les pratiquants souhaitent lui donner est symptomatique de la confusion identitaire qui ébranle aujourd'hui l'Europe. Au renouveau de l'affirmation de l'Église à travers des formes contemporaines et abstraites s'opposent désormais la nécessaire discrétion des synagogues et l'étrange pseudo-traditionalisme des mosquées.

Le grand récit de la sécularisation a fini de nous en convaincre : à l'âge de l'Eglise a succédé celui de la Cité. Signe des temps, l'église de pierre n'est plus au centre du village, elle qui structurait la communauté des hommes, comme l'Eglise de Pierre engendre dans la communion le Corps mystique. En avons-nous vraiment fini avec ce "mythe de pierre" qui dessinait toute une architecture sociale ?