Pour son édition 2015, la foire barcelonaise dédiée à l'art vidéo a projeté plus de 12h de film et accueilli des participants du monde entier, témoignant ainsi de toute sa pertinence.

Notre numéro de novembre 2014 était accompagné d'un supplément sur le festival New Settings, organisé par le Théâtre de la Cité Internationale et la Fondation d'Entreprise Hermès, programme qui vise à faire collaborer des artistes visuels et des artistes de la scène.

Contrairement à d'autres pays, comme l'Allemagne ou les Etats-Unis, où le cinéma expérimental a toujours été très présent, en France, dans les écoles d'art, c'est par l'art vidéo que l'image en mouvement y est entrée. Depuis quinze ans, la place du cinéma s'y est peu à peu affirmée, et d'abord comme référence pour l'ensemble des arts. Enquête par Catherine Bizern qui a rencontré les principaux responsables de département.

Jennifer Douzenel fait de la vidéo comme elle pratiquerait la peinture. Elle montre des images presque immobiles, faites de temps superposés, et diffusées pour la plupart en petit format. Aujourd'hui, de nouvelles perspectives s'ouvrent à elle, qui pourraient élargir son travail à d'autres formes. Cet automne, elle participe à plusieurs expositions collectives et inaugurera, à la galerie des Etables à Bordeaux, une exposition personnelle intitulée "Riverside" (5-29 novembre 2015, commissariat Pleonasm).

Laura Gozlan traite l'image filmée comme un corps post-humain. Mêlant séries B, archives scientifiques et fictions d'anticipation utopiques, ses vidéos, présentées dans des environnements qui réactualisent l'héritage de l'expanded cinema, mettent au jour l'inconscient archétypal qui ressurgit lorsque s'effrite le rêve de maîtrise technoscientifique.

Plongée participative de la plasticienne Bertille Bak au coeur de diverses communautés, d'un campement rom à un couvent de religieuses.

Le Jeu de paume présente la première monographie en France de cette figure historique de l'art vidéo. Son intérêt pour l'expérience du spectateur s'est déporté aujourd'hui vers le paysage.

Au Grand Café à Saint Nazaire, Enrique Ramirez (né en 1979, vit et travaille à Paris et au Chili) explore, au travers de films et de nombreux motifs évoquant la mer et la voile, des questions relatives aux migrations.

Alors que l'Opéra de Paris vient de lancer sa "3e scène"- une plateforme numérique qui renouvelle les interactions entre spectacle vivant et création vidéo-jetons un oeil aux productions audiovisuelles que les metteurs en scène et chorégraphes réalisent eux-mêmes depuis plusieurs années. Pina Bausch, Merce Cunningham, Robert Wilson, Yvonne Rainer, Philippe Découflé, Boris Charmatz Gisèle Vienne... tous ont succombé à la tentation vidéographique ou cinématographique.

Mireille Kassar est une artiste libanaise installée à Paris. Sa vidéo "The Children of Uzai, AntiNarcissus" vient d'être sélectionnée par le 65e festival international du film à Berlin pour la section Forum Expanded, et plusieurs de ses oeuvres ont récemment intégré les collections de grands musées internationaux, notamment le Centre Pompidou et le British Museum.

Cette nouvelle édition de la Biennale se veut à la fois unique et inédite, tout en s'inscrivant dans l'histoire de l'art vidéo. On peut y découvrir dix-sept installations vidéo qui forment l'essentiel de la manifestation, sept films projetés en boucle dans un espace cinéma intégré au parcours, tandis que trois performances ont eu lieu pendant la semaine d'ouverture (Pauline Boudry & Renate Lorenz, John M. Armleder & Stephan Eicher, Boychild & Wu Tsang).

Directeur du Toneelhuis d'Anvers depuis 2006, Guy Cassiers crée un théâtre de "la colère et du temps", et filme la violence au plus près des corps. La scène théâtrale et celle de l'opéra, transformées en performances vidéo, mettent en scène les malheurs du temps, la barbarie, la douloureuse condition humaine aux prises avec la question du bien et du mal.