Avec son troisième roman graphique, "Regarde-les danser", Marie-Anne Mohanna donne la pleine mesure de son talent et semble avoir trouvé sa voie. Ce travail époustouflant est le fruit d'un parcours singulier entre études de droit, illustration et voyages initiatiques. Nous allons tâcher de vous le raconter par l'écrit.

S'il était un souffle, le dessin de Giacomo Nanni balancerait sans cesse entre la syncope et le chuchotement. Il est tout à la fois viscéralement cinétique et formé par des nuées de voix qui coexistent mais ne se mélangent jamais complètement - chacune laissant la place et le temps à l'autre de s'installer. Dans son oeuvre, ce sont les éléments du monde qui parlent sans hiérarchie, les hommes et les animaux, les végétaux et les minéraux ; c'est le monde qui se trace sans dégradé. Grâce à l'outil numérique ou uniquement grâce à ses mains.

D'une idée, d'un mot, Camille Lavaud Benito conçoit une image. De cette image, elle compose une affiche de film fictif. De cette affiche, sur laquelle elle a méticuleusement placé son décor, ses personnages, les noms des actrices, acteurs et techniciens, elle s'entoure pour imaginer la bande-annonce d'un supposé film - produit par une maison imaginaire elle aussi -qui prendra bientôt des chemins de traverse pour devenir une bande dessinée. Et de cette bande dessinée... Qui sait ?

Qui se cache derrière le pseudonyme de Delphine Panique ? Une autrice réservée, réfléchie, bosseuse, qui pense et écrit chacun de ses livres avec une démarche essentielle : mettre l'art séquentiel au service d'un récit ayant du sens. À chaque nouvel album, une nouvelle manière d'aborder un sujet, toujours avec originalité et un ton singulier. Son dernier paru, "Creuser voguer", chez Cornélius, est peut-être le plus bouleversant de sincérité et d'humanité. Retour sur un parcours atypique dans le monde de la bande dessinée.

De son propre aveu, Sophie Guerrive a toujours aimé dessiner. N'ayant aucun lien avec ce milieu, ses parents étant dans la fonction publique, elle pense, en s'inscrivant à la faculté d'arts plastiques d'Aix-en-Provence, trouver le moyen d'exprimer cette attirance. Mais sur place, elle déchante vite, les professeurs lui expliquant que le dessin n'a pas d'avenir. Elle n'en a cure, elle s'obstine dans sa volonté de vivre de son dessin et entre directement sur dossier en 3e année aux Arts déco de Strasbourge en 2006, avec Dégé, Finzo, Joseph Béhé comme professeurs (elle en sort en 2009).

Posy Simmonds est entrée en littérature française vers l'adolescence, charmée par Gustave Flaubert et quelque peu déconcertée par Pierre Choderlos de Laclos et ses Liaisons dangereuses, dont l'une des héroïnes, "corrompue", avait alors presque son âge. Côté bande dessinée, c'est via un certain ton qu'elle s'y introduit : "Hara-Kiri", "Le Canard enchaîné", Siné, Reiser, Sempé. Aujourd'hui, Posy Simmonds regrette d'avoir un peu moins le temps de lire des livres en français, cette langue qu'elle aime - tout comme le pays - depuis ses 17 ans.

Né dans le sud de l'Espagne en 1967 Sergio Garcia Sanchez vit actuellement à Grenade. Après une formation en arts graphiques, il devient professeur aux Beaux-Arts de Grenade dès l'obtention de sa licence, en 1991. Il enseigne pendant un an en section dessin de conception environnementale, puis donne des cours d'illustration et de bande dessinée et des conférences sur les procédés narratifs de la bande dessinée. Sans oublier ses master classes à travers le monde.

En 2023, à l'occasion des dix ans du "Château des étoiles", l'univers envoûtant d'Alex Alice était triplement à l'honneur avec deux art-books vertigineux chez Rue de Sèvres et Caurette et une superbe exposition parisienne à la galerie Daniel Maghen. Rencontre avec un rêveur sidérant.

Lorsque, au beau milieu de l'entretien réalisé par écrans interposés, Michel Rabagliati se lève pour aller chercher une photographie de son père, laissant ainsi à l'oeil de son interlocutrice tout le loisir de se poser sur les quelques objets que compte sa bibliothèque bien fournie, celui-ci remarque d'emblée un Fauve, puis un deuxième, souvenirs de récompenses glanées à Angoulême en 2010 (prix du public pour Paul à Québec) et en 2021 (prix de la série). De retour devant son ordinateur, le Montréalais s'amuse : « Ah tiens, t'as reconnu mes p'tits minous !

La phrase de Marcel Proust, défi à la grammaire et au temps, avec son arrêt qui se fait attendre au privilège des compléments et des digressions, cette phrase en ornement capable de creuser comme d'habiller le monde tout entier résonne à nulle autre pareille. Elle volette, masse légère, échappant aux uns tandis que d'autres se l'accaparent et l'érigent en modèle. Rares, ceux qui parcourent d'un bout à l'autre "À la recherche du temps perdu". Mais encore plus rares, ceux qui n'ont pas tenté, une fois au moins, de s'attaquer à cette cathédrale littéraire.

Ah les mangas ! Tu les adores, tu les dévores, tu as tes préférés... Mais sais-tu que depuis les premières parutions, il y a 70 ans, ce genre n'a cessé de se faire l'écho des évolutions de la société japonaise ? "Okapi" a lu entre les lignes de huit séries phares.

La talentueuse mangaka Makoto Ojiro régale nos rétines depuis son arrivée en France, notamment avec "La Fille du temple aux chats" et l'excellent "Insomniaques" (dont l'anime et le drama arrivent bientôt), tous deux édités chez Soleil Manga. Avec gentillesse, elle a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.