John Banville chemine sur une voie proustienne, mettant en scène un vieil homme, à l'heure de la remémoration et de la renaissance. Vibrant.

Tantôt auteur de fables poético-mythologiques (″Infinis″), tantôt maître du thriller rétro sous le pseudonyme de Benjamin Black (″La double vie de Laura Swan″), l'Irlandais John Banville assume ses différentes facettes d'écrivain. Portrait simultané de Docteur Banville et de Mister Black.

L'oeuvre considérable de Banville, d'abord tout entière marquée du sceau de l'intellect, opère peu à peu un tournant vers le sentiment et l'émotion : il y a loin en effet de "Kepler" (1981) à "Athéna" (1995) et "La Mer".

A travers la trahison d'un espion gay, Banville décrit les débordements des classes dirigeantes anglaises. Un roman à clé.

Après le "Livre des aveux" et "Le monde d'or", "Athéna" clot un cycle romanesque consacré à l'art, et plus généralement à la question de la connaissance, chaque chapitre commençant par la minutieuse description d'un tableau qui sert de prélude, voire de programme à l'action.

Ce roman tente de répondre à une question simple : que se passe-t-il vraiment pendant une journée d'été, de l'aube au crépuscule, dans une grande demeure irlandaise où se meurt un vieil homme ? A question simple, réponse complexe, il ne peut en être autrement avec John Banville. D'autant plus que les dieux vont se mêler des affaires des hommes.

Amateurs de certitudes, passez votre chemin ! John Banville saura vous faire douter de tout, et en particulier de la fiabilité de la mémoire. Ne vous leurrez donc pas. En fin de partie - expression pertinente s'agissant d'un auteur qui, de son propre aveu, est plutôt du côté de Beckett que de celui de Joyce - se sont accumulés « toutes les idées fausses, tous les souvenirs erronés » abrités par le narrateur, en somme « une énormité ».

Rencontre avec John Banville, l'un des plus grands écrivains irlandais d'aujourd'hui, à l'occasion de la parution française de son roman "La Mer", qui a obtenu le Booker Prize en 2005.