Sur les vagues des arts, la tempête de science, philosophie, religion, d'Europe en Amérique, ce livre se rêve invitation poétique au voyage des rives des utopies de la Renaissance aux dérives de leur fin : à travers le baroque lancé dans l'exploration et l'exploitation du monde, l'occupation du sol et la préoccupation du ciel, enflammé par l'Homme et embrasé par un Dieu en partance.

L'esprit baroque témoigne d'une volonté toujours en éveil, en recherche, en mouvement, de comprendre le monde et l'homme pour tenter d'en donner l'expression métaphysique, scientifique et esthétique la plus conforme au souci d'une nécessaire réalité naissante.

4ème de couv. : Les études réunies sous le titre La Beauté et ses monstres sont nées d'un constat de rupture entre l'idéal platonicien qui posait l'alliance étroite du Beau et du Bien et les pratiques esthétiques des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. La poétique baroque, expression d'une crise de la pensée analogique et de l'idéalisme platonicien, procède en effet d'une reconnaissance implicite de la dangereuse contiguïté entre le beau et le monstrueux et trouve son originalité créatrice dans la mise en mouvement de formes «dépravées», dans l'invention de formes qui contreviennent aux lois de la «proportion». Métamorphoses et anamorphoses jouent de cette virtualité du monstrueux latent en toute forme parfaite qu'un rien peut déformer, déjouant toute tentative de figer des rhétoriques littéraires ou d'immobiliser des genres dans une codification rigoureuse. De même, par l'attraction qu'elle exerce, tant physique que métaphysique, la beauté a suscité la défiance devant l'envers toujours possible de cet attrait, la séduction par une beauté frelatée ou trompeuse.

Ce livre présente ce mouvement artistique né au XVIe siècle : les conditions historiques de sa genèse, les expériences esthétiques auxquelles il a donné jour en France, en Italie, en Espagne, dans les pays ibériques et dans les pays danubiens.

A l'aube du XVIIe siècle, après les quatre décennies des guerres de religion, la noblesse française traverse une crise douloureuse qui se traduit par une soif absolue de vivre dans une liberté totale et qui se manifeste par les excès de l'art baroque. L'auteur confronte culture et politique, fiction et réalité et fait revivre ces idées nouvelles de liberté d'une époque marquée par l'individu roi.

Dans la cacophonie résistante des emplois du mot, la question du « baroque » reste aujourd'hui entière. Claude-Gilbert Dubois s'efforce de dégager, à travers les manifestations historiques du phénomène, quelques lignes directrices qui transgressent les frontières des disciplines, des nations et des générations. Vu avec un regard européen, et dans la longue durée, le baroque, sous les habits d'apparat, les cérémonies à grand spectacle et la rhétorique de la théâtralité, recèle une inquiétude sur la vanité des choses qu'il découvre par l'arbitraire des signes et l'affirmation de l'unité politique et de l'ordre social. Dans le concert baroque européen, la France joue un rôle de modérateur et de pionnier, par une marque de classicisation : le classicisme ne serait-il pas la forme française, spécifique, mais non infidèle, prise par le baroque européen ?