Il y aura un avant et un après Fukushima. Le monde redécouvre ces ″bombes domestiquées″ que sont les centrales nucléaires. Sont-elles vraiment dangereuses ? Peut-on s'en passer ? ″Le Point″ s'est plongé dans les coulisses du monde de l'atome, entre mensonges d'Etat et fantasmes.

Dans un entretien publié le 13 janvier 2015 dans "L'Usine nouvelle", la ministre de l'Ecologie (sic) Ségolène Royal affirmait : "Il faut construire de nouvelles centrales nucléaires". Elle était ainsi cohérente avec le projet de loi baptisé à tort de "transition énergétique" dont l'article 55 grave dans le marbre à 63,2 GW la capacité nucléaire française sans limite de temps, c'est-à-dire exactement la même capacité qu'aujourd'hui. Cela veut donc dire que les réacteurs les plus vieux qui seront fermés devront être remplacés par de nouveaux réacteurs à construire, ce qu'a affirmé la ministre.

En France, douze réacteurs sont arrêtés. En Allemagne, ils sont mis hors-service les uns après les autres, dans le monde, 140 ne servent plus à rien. Pourtant, les centrales, même à l'arrêt, restent dans les paysages. Car démanteler prend du temps. Beaucoup de temps...et d'argent.

La loi de programme relatif à une gestion durable des déchets radioactifs a été votée en juin 2006. Pour étudier la faisabilité de stockages en couche géologique profonde de déchets radioactifs à vie longue, les modèles numériques sont un passage obligé.

15 années d'études n'auront pas suffi : si la loi Bataille privilégie l'enfouissement des déchets issus du nucléaire, elle n'écarte pas totalement d'autres options... Pourquoi cette indécision ? Pour le savoir, nous avons réuni autour d'une table trois experts pour une discussion sans tabou.

L'enfouissement des déchets radioactifs dans des mines souterraines faisait jusqu'ici l'unanimité. Or, les Etats-Unis viennent de remettre en question cette méthode de stockage. Du coup, d'autres solutions réapparaissent, semant la confusion.