On veut distinguer les réfugiés des migrants ? L’Histoire enseigne pourtant que l’octroi du droit d’asile est tout sauf neutre. Interview de Karen Akoka, maître de conférences en science politique à l’Université Paris- Ouest-Nanterre et chercheuse à l’Institut des sciences sociales du politique.

Durant les années 1930, dans un contexte de chômage grandissant, plusieurs lois sont votées en France pour limiter l’immigration et refouler les étrangers « indésirables ». Face à des partis politiques et une grande presse qui multiplient les campagnes xénophobes, des intellectuels prennent la plume. Ils défendent la tradition nationale du droit d’asile pour les milliers de réfugiés espagnols, italiens, etc., qui fuient la répression dans leur pays.

Que pensent les eurodéputés des politiques de l'Union en matière d'accueil ? "Projet" a posé la question à cinq d'entre eux : Brando Benifei, Sylvie Guillaume, György Hölvényi, Jean Lambert et Juan Fernando López Aguilar. Pas de chiffres. Fait partie d'un dossier : "Réfugiés : sortir de l'impasse ?".

Afin de « réduire les délais », le projet de loi sur l’asile et l’immigration compromet le principe fondamental de l’accès à une justice équitable et impartiale pour les demandeurs d’asile. Au risque de dériver vers une justice expéditive.

La Commission européenne souhaite approfondir la solidarité entre États membres pour l’accueil des demandeurs d’asile. Mais elle attache un prix aux migrants, ce qui risque d’aggraver les inégalités de répartition et la déshumanisation des migrants.

Construction de murs, fermetures de frontières, refoulements vers des pays tiers… L’Europe durcit sa position envers les immigrants venus d’Afrique et du Moyen-Orient. En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz met fin à la politique de sa prédécesseur, Angela Merkel, qui, en 2015, avait ouvert les portes du pays à 1 million d’immigrés. Les autres pays de l’UE ne sont pas en reste : à sept mois des élections européennes, ils activent tous les leviers pour endiguer les flux migratoires. Sommaire. Lampedusa, petite île, grands remaniements. France, une loi plus répressive que prévu.

Avant l’entrée en vigueur du protocole de Bellagio (1971), les réfugiés extra-européens étaient exclus en France du bénéfice de la convention de Genève de 1951. Ils pouvaient cependant être inscrits à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) sous le mandat du HCR. Or on observe au début des années 1960 une diminution des réfugiés extra-européens enregistrés à l’Office alors que leur flux augmente.

Adama est « dubliné ». Cela signifie qu’il est soumis à la procédure résultant des accords de Dublin, qui contraint les migrants à demander l’asile dans le premier pays d’Europe où ils ont posé le pied. Jusqu’en 2019, les arrivées en France se faisaient majoritairement par l’Italie, mais la route migratoire qui passait par la Libye s’est refermée sur des milliers de morts. Désormais, c’est le Maroc qui est devenu la porte d’entrée en Europe des exilés africains.