Dans le sillage D'autres Venise et d' Entre Rhin et Danube , le troisième volet des impressions de voyages éparses de P. Morand.

Que peut-on et que doit-on faire de la littérature ? C’est la grande question que Zola, devenu le romancier le plus célèbre de son époque, commence sérieusement à se poser alors qu’il rédige le dernier volet des Rougon-Macquart. Cette préoccupation s’impose progressivement à lui en tant que citoyen concerné par les débats de son temps, et notamment par la question sociale qu’il met en scène de manière dramatique dans Germinal et qui ne cessera plus par la suite de l’habiter. Comment remédier à l’injustice, à l’exploitation, au malheur qui frappent de larges masses ? Comment refaire, et sur quelles bases, une nouvelle cohésion sociale qui permette aux hommes de vivre en harmonie par-delà les divisions qui les opposent ? C’est à cette question que Zola s’attaque résolument dans son dernier cycle romanesque, Les Évangiles, qui se présente comme une mise en fiction d’une nouvelle religion de l’humanité, fondée sur la raison et le progrès, croyance nouvelle destinée à répondre aux interrogations des hommes de son temps. À travers ses derniers romans, de facture et de contenu utopistes, l’écrivain renoue avec le romantisme de sa jeunesse et signe ce qui constitue désormais son testament, expression ultime de son désarroi et de ses espérances à l’aube d’un siècle tragique. Jacques Pelletier propose une interprétation inédite de ce cycle romanesque et démontre comment le projet de Zola nous concerne toujours aujourd’hui, malgré la distance qui semble nous en séparer.

Romancier, poète, dramaturge, ingénieur, trompettiste, auteur de chanson et de films, directeur artistique de maisons de disques, pataphysicien, roi de Saint-Germain-des-Prés... Ce sont bel et bien mille et une vies que Boris Vian sera parvenu à vivre en trente-neuf ans d'existence. De cette trajectoire étincelante, le bonheur d'écrire et d'aimer croise la hantise de la mort, où les éclats de rire d'un esprit prodigieusement libre accompagnent le bouleversant roman d'amour de L'Écume des jours , aussi bien que la révolte du Déserteur ou de J'irai cracher sur vos tombes , Noël Arnaud se fait ici le biographe éloquent et scrupuleux, rigoureusement documenté. Par-delà la légende qui l'auréole et qui dissimule, il nous restitue la multiple vérité d'un homme qui fut d'abord, au sens le plus profond du terme, un créateur.

Des premiers tracés à l'encre de Chine de 1925 jusqu'à sa mort en 1984, Michaux peint et dessine sans cesse, et mène ainsi une action de déconditionnement à l'égard du verbal. Cet ouvrage, qui propose également des textes de Michaux sur la peinture, replace une oeuvre mal connue dans l'art de son temps pour en dégager son autonomie plastique.

D. Chabrol raconte l'enfant radieux, l'adolescent désoeuvré qu'était P. Desproges avant de devenir un humoriste connu à plus de trente ans. En 1975, il participe à l'émission télévisée Le petit rapporteur. Plus tard, il endosse le rôle d'un procureur haineux dans les Flagrants délires, à la radio. Puis, il apparaît de nouveau à la télévision dans le rôle de Monsieur Cyclopède.

L'auteur joue avec les mots et fait partager au lecteur son goût pour la poésie, l'humour et la philosophie. Il a repris et augmenté Ralentir : mots-valises(1979) à travers ce recueil de mots tels que : wagabon, livresse, armoure, etc.

Génie du théâtre et du cinéma à une époque exceptionnelle de la vie culturelle française, Sacha Guitry a régné sur les scènes parisiennes jusqu'à sa mort en 1957, et ses pièces remplissent les salles encore aujourd'hui. Une position enviée qui lui a valu de nombreuses haines et des jalousies tenaces, si bien qu'à sa mort François Truffaut a pu dire : " Il n'a plus d'ennemis, puisqu'on lui reprochait avant tout d'être vivant. " Et vivant il le fut plus que quiconque ! De son enfance dans les coulisses des théâtres de Saint-Pétersbourg aux triomphes des scènes parisiennes, de la relation passionnelle avec son père à sa quête éperdue de l'amour qui l'a poussé dans les bras de cinq épouses toutes plus belles et plus jeunes les unes que les autres, il a mordu à pleines dents dans la vie. Trop, peut-être... Son arrestation à la Libération, alors que son dossier d'accusation était vide, fut sans doute plus due aux rancoeurs qu'à son attitude sous l'Occupation, bien éloignée de ce que la controverse a laissé entendre. Brisé par son emprisonnement et par les accusations, il a trouvé tout de même le courage de revenir vers la gloire, goûtant l'existence jusqu'au bout malgré le naufrage de la vieillesse et de la maladie. Loin des polémiques, Sacha Guitry méritait que l'on raconte sa vie telle qu'elle a été : en proie aux drames de l'Histoire et aux rancunes des envieux, mais intense, créative et passionnée.