Nul ne sait aujourd'hui si les "affaires" qui cernent Nicolas Sarkozy auront une influence sur le résultat de la primaire de la droite et du centre. Pour l'heure, ses principaux rivaux - même désormais François Fillon - se gardent bien d'user de l'argument judiciaire pour discréditer un ancien président maître dans l'art de prendre la posture victimaire.

Ils ont toujours voté à gauche et s'apprêtent pourtant à glisser un bulletin Juppé dans l'urne les 20 et 27 novembre 2016. Selon les sondages, 10 % des électeurs de la primaire de la droite et du centre seront en fait de gauche. Loin d'adhérer au projet du maire de Bordeaux, ils le choisissent surtout par antisarkozisme.

Lesté par sa réputation de terne "loser", moqué par ses pairs, snobé par la bulle médiatique, "Mr Nobody" est devenu quelqu'un en surfant sur le réveil d'une vieille droite bourgeoise traditionnelle.

A 100%, les instituts de sondage se sont trompés. Aucun n'avait annoncé une victoire si écrasante de François Fillon au premier tour de la primaire de la droite. C'est une demi-surprise. Pour cette équation, les inconnues étaient trop nombreuses et les sondés, trop volatiles.

Observateurs et journalistes n'ont pas senti l'opinion évoluer. Réseaux sociaux, peur du déclassement et défiance envers les institutions déjouent désormais les schémas établis.

Le revers inattendu de son champion au premier tour de la primaire de la droite n'a pas laissé longtemps Gilles Boyer bouche bée. Connu dans le landerneau politique pour ses Tweets corrosifs, le directeur de la campagne d'Alain Juppé a vite prévenu : pas question de s'avouer vaincu. Fidèle d'entre les fidèles, il restera. Bien décidé à accompagner l'homme qu'il n'a cessé de soutenir depuis presque quinze ans jusqu'au bout du combat.

La présidente de la Haute autorité de la primaire et du centre, dont la voix ne laisse rien transparaître de sa fatigue, enchaîne les nuits courtes. Le 27 novembre 2016, ce sera elle qui aura le mot de la fin.

Comme prévu, Nathalie Kosciusko-Morizet a été désignée candidate à la Mairie de Paris par les sympathisants de droite. Mais ce type de scrutin semble étranger à la culture politique du parti.

Aujourd'hui, les primaires semblent être devenues indispensables pour préparer une élection présidentielle. Il s'agit de permettre à ceux qui le souhaitent de désigner les personnalités parmi lesquelles le peuple choisira. L'histoire des primaires et le contexte politique qui les a peu à peu installées dans le paysage politique français permettent de mieux souligner les nombreux pièges de cette innovation.

Intransigeant et sûr de lui jusqu'à l'arrogance : les Français qui sont descendus dans la rue en 1995 ont gardé ce souvenir de l'ancien premier ministre de Jacques Chirac. Mais depuis qu'il s'est lancé en 2014 dans la course à la présidentielle, le maire de Bordeaux a réussi à apparaître sous un nouveau jour : sa raideur s'est transformée en détermination, son austérité en gage de sérieux. Le favori de la primaire de la droite et du centre a-t-il vraiment changé ? Ou est-ce les Français?

Thomas Clay devra s'assurer du bon déroulement du scrutin les 22 et 29 janvier 2017.

La droite n'apparaît pas moins travaillée par des forces centrifuges, à en juger par la campagne de sa primaire. Vrais partages idéologiques ou simples rivalités de personnes ? Pascal Perrineau dresse la carte de cet émiettement et en pèse les réalités.