De l'état de grâce des premiers mois aux incertitudes d'une guerre des chefs qui déchire la majorité, de la "nouvelle moralité politique" à l'enlisement dans les "affaires" et à la démission de trois ministres, en passant par les fiascos de Riyad et de Pékin, l'image du Premier ministre n'a cessé de se dégrader...

Dix mois après la déroute des législatives de mars 1993, l'opposition vient de donner les premiers signes d'un réveil d'autant plus remarqué que Balladur a vécu sa semaine la plus noire depuis son installation à Matignon.

Ils ont travaillé un dimanche après-midi. Et pourtant les mesures arrêtées par l'équipe Balladur pour relancer l'emploi ont été mal accueillies, jusque dans sa propre majorité. Il est vrai qu'elles sont, pour le moins, d'une rare modestie...

Intouchable dans les sondages, le champion du consensus courtois applique en fait dans tous les domaines les idées de sa famille politique, la droite la plus traditionnelle.

Le Premier ministre a pavoisé trop tôt : le second tour des cantonales a fait apparaître une crise de confiance que confirme notre enquête Sofres. Et une image peu "réformiste" de celui qui ne cache plus son ambition présidentielle.

Enfin une bonne nouvelle pour le Premier ministre : la France qui vote ne l'a pas sanctionné. Mais la France qui défile continue de censurer ses projets.

Le Premier ministre devait s'attaquer aux "vrais problèmes" du pays, sans souci de l'échéance présidentielle. Devenu présidentiable, il agit si prudemment qu'on l'accuse d'immobilisme calculé, et pas seulement à gauche...

La droite est décidée à faire aucun cadeau à un président affaibli par la déroute socialiste. Mais chacun se prépare à cohabiter. A deux conditions : que Mitterrand se montre modeste, et que les frères ennemis de la majorité ne s'étripent pas...

Le 21 mars a marqué la fin d'une époque pour la gauche : le PS ne pourra revenir au pouvoir qu'avec d'autres alliés. Pourtant les vainqueurs auraient tort de croire que leur succès vaut une adhésion massive à leurs idées...

Démission ? Pas question ! Stratégie du président : tenir jusqu'à la fin de son mandat pour épargner à la France une présidence de Chirac. Tactique : ne pas attaquer le premier. L'épreuve de force n'aura lieu que si la droite passe les bornes au point de se couper de l'opinion.

Qu'y a-t-il de plus important dans le "oui mais" du "patron", le "oui" ou le "mais" ? La question engage l'avenir du big bang. Premiers éléments de réponse.