Pourquoi le "candidat naturel" s'est-il décidé à décréter l'état d'urgence ? Comment a-t-il choisi ceux qui ont eu la primeur de sa déclaration ? Quel rôle ont joué le directeur de la Sofres et... le juge Jean-Pierre ? Est-il possible de rénover la gauche sans casser le PS ? Récit d'une semaine folle.

Après la salve de Philippe Séguin, les flèches de Simone Veil et Pierre Méhaignerie, le Premier ministre peut-il encore compter sur sa majorité ?

Quarante voix ont manqué au Premier ministre lors du vote sur l'autonomie de la Banque de France. Et, de plus en plus, les bouches s'ouvrent : "trop gestionnaire", "pas assez ferme", "trop centriste". Celui que certains appellent déjà "l'intérimaire" risque de connaître un sort à la Chaban.

On a beau savoir que la sincérité en politique n'est pas une vertu cardinale, que les Français ont la mémoire courte et que, comme le disait Charles Pasqua, "les promesses électorales n'engagent que ceux qui les reçoivent", le bilan des deux premiers mois du gouvernement Balladur a de quoi surprendre le moins naïf des observateurs.

Nous sommes sortis de la guerre civile froide. Le risque, aujourd'hui, c'est de voir s'instaurer en France une démocratie cotonneuse, faussement consensuelle, où les enjeux disparaissent derrière l'amabilité du ton.

Tempêtes monétaires, nuages sur les lois Pasqua, tangage interne : la coalition gouvernementale passe de mauvaises vacances. D'autant que le profil de plus en plus présidentiable du Premier ministre modifie tous les calculs.

Ils ont un intérêt commun à n'apparaître ni ennemis ni complices. Mais la volonté de Mitterrand de relancer l'Europe et de défendre "les petites gens" va compliquer les rapports de Balladur avec Chirac et le RPR.

Le maire de Paris reproche au Premier ministre d'avoir cédé à Mitterrand sur le nucléaire et le pousse à une intransigeance dangereuse sur le Gatt. Récit d'une tentative de déstabilisation.

Bien sûr, Edouard Balladur n'est pas responsable de l'aggravation de la crise mondiale. Mais il a promis une décrue du chômage et la mise en oeuvre d'un "nouvel exemple français". On commence à déchanter.

Le Premier ministre en avait pris l'engagement : l'équipe de Matignon serait fortement resserrée. Par souci d'efficacité et d'économie. Depuis, elle a beaucoup grossi.

Comment le Premier ministre a, jusqu'au bout, préparé l'opinion au refus comme à l'accord. Et dévoilé un nouvel aspect de la "méthode Balladur".