Après cinq ans de gouvernement, la gauche, pour l'emporter, ne peut compter que sur une surprise. Et il y en a eut tant lors des précédents scrutins... Comment analyser dès ce dimanche les tendances du second tour.

Jamais président de la Ve République n'aura eu un tel pouvoir : Elysée, Matignon, Assemblée, Sénat... et que lui importe aujourd'hui l'abracadabrantesque parcours qui l'a mené de son semi-échec de mai à son triomphe de juin.

Combien de temps faut-il à un peuple civilisé pour passer de la défiance à la complaisance, de la moquerie à la soumission ?

Deux fois déjà, sur la baisse des impôts et sur les conditions de licenciement, Jacques Chirac a dû désavouer publiquement son ministre des Finances.

Le thème de l'insécurité, martelé pendant la campagne électorale, a ouvert dans la précipitation la voie du tout-répressif. Elle ne peut déboucher que sur une impasse.

Inexpérience, maladresse, signes avant-coureurs de vraies divergences politiques ? La cacophonie ministérielle serait comique si elle ne concernait des sujets aussi graves que les impôts, les salaires, l'emploi, la santé...

Aux obsèques du RPR, on n'a vu que lui, martelant les étapes de son action, ovationné par les militants, tapant sur la table... Où s'arrêtera le ministre de l'Intérieur ?

Casse-tête pour les socialistes : comment dénoncer des mesures dont beaucoup ont été sorties de leurs propres cartons ? Le gouvernement cherche à décrocher durablement l'électorat populaire de gauche.

Le Premier ministre entend modifier l'architecture du pays avant les régionales de 2004. Il devra pour cela vaincre les routines de "la France d'en haut".

Rassurer son camp, embarasser la gauche. Le cahier des charges que s'est lui-même fixé le ministre de l'Intérieur paraissait impossible à tenir.

Elle n'est pas bleue comme il le voulait, mais le voici patron de la maison Droite. Pourtant, celui que Chirac appelait "le meilleur d'entre nous" a aujourd'hui quelques sujets d'inquiétude : l'administration difficile d'un parti multiforme, la montée de ses rivaux Raffarin et Sarkozy, et surtout cette amnistie qu'il voulait tant et que le président ne lui a pas offerte.

Avec la droite, le Medef croyait voir revenir des alliés au pouvoir. Mais il doit aujourd'hui composer avec le ministre du Travail, et traîne les pieds pour aller négocier.