La vitalité et la puissance romanesque au sein d'une fresque d'ampleur documentée où les vibrations d'une époque se retrouvent dans le comportement des personnages, notamment leur rapport à l'argent et à la morale. Tout ce qu'on avait adoré dans "Illusions perdues", l'adaptation du roman de Balzac (voir no 729, novembre 2021), est exacerbé dans "D'argent et de sang", la série de Canal+ que Xavier Giannoli nous explique avoir réalisée comme un long métrage de plus de dix heures. À partir du livre-enquête de Fabrice Arfi, Giannoli raconte l'incroyable arnaque des quotas carbone.

Dans le dernier film de Xavier Giannoli (2018), Jacques (Vincent Lindon) est grand reporter. Il travaille en binôme avec un photographe. L'un voit et l'autre entend, l'un photographie et l'autre écrit. Le photographe est tué en pleine action comme en témoignent les éclaboussures de sang sur l'objectif que Jacques essuie avec une serviette. Jacques, lui, est traumatisé au lieu de son rapport au monde, l'oreille. Le film se structure autour de cette division : une partie de l'Humanité voit, l'autre dit. Ceux qui voient ne peuvent pas dire : ils sont frappés de stupeur, au risque d'en mourir.

Xavier Giannoli signe une très belle adaptation des "Illusions perdues" de Balzac.

Comment une coupure de presse a mené le réalisateur sur le chemin de mystérieuses «apparitions» ...

Un journaliste de guerre, dont l'ami photographe vient de mourir près de lui pendant un reportage, enquête à la demande du Vatican sur une apparition de la Vierge à une jeune fille de 17 ans, dans le Sud de la France. Le sceptique qui a tout connu approche un continent qu'il ignorait. Après "Quand j'étais chanteur", "A l'origine", "Marguerite", qui évoquaient déjà les limites et les élans de la passion, du mensonge, du jugement des autres, Xavier Giannnoli nous parle de la dialectique de la mystification et du Mystère...

Alors que Xavier Giannoli sort un nouveau film hanté par la question de la mystification, Alexandre Brandy raconte dans un roman s'être fait passer pour le neveu de Kadhafi. Rencontre.

Pour le cinéaste Xavier Giannoli, raconter la retentissante arnaque à la taxe carbone survenue à la fin des années 2000 était un défi. Il en a tiré une série haletante, où il sonde, une fois encore, les mécanismes du mensonge et du libéralisme avec une obstination salutaire. Rencontre.

Lucien de Rubempré est un garçon de son temps. A Angoulême, dans un univers étroit, au lendemain de la chute de Napoléon, il rêve de gloire et de poésie comme tant de garçons de sa génération. La révolution est déjà loin, la gloire de l'Empire est passée, le romantisme occupe les esprits, les occasions de s'illustrer sont devenues rares dans la France somnolente et conformiste de la Restauration.

Balzac a tout compris, tout écrit avant tout le monde. Le caractère éruptif des Français, chauvins, inconstants, et pourtant capables de panache. La fracture sociale et les lourdeurs de l'administration. La médiocrité des politiques, leur manque d'intégrité. Sur tous les sujets - l'école, le travail, la condition féminine, l'économie -, ce visionnaire nous a laissé bien plus qu'une oeuvre en héritage : une sorte de mode d'emploi toujours opérant ! Sommaire. Nous sommes tous Honoré ! Tiens, revoilà la rente balzacienne ! Balzac et Giannoli main dans la main. La nouvelle "Comédie humaine" ?

Depuis dix ans, les réalisateurs se disputent l'adaptation du "casse du siècle". Xavier Giannoli l'a emporté avec "D'Argent et de sang", la meilleure série française de l'année 2023.

Il aura fallu vingt-six ans au réalisateur de "Marguerite" pour mener à bien le projet de sa vie, adapter le grand roman de Balzac sur la marchandisation du monde. Entretien.