Ces dernières années, la célèbre photographe américaine a mené une croisade contre la famille Sackler, dont l'empire pharmaceutique a alimenté la crise des opioïdes qui dévaste les États-Unis. Le documentaire "Toute la beauté et le sang versé", qui sortira le 15 mars 2023 en France, relate ce combat. Il montre comment celui-ci s'enracine, comme l'art de Nan Goldin, dans une vie tumultueuse et émaillée de tragédies.

Ses documentaires sur l'Irak ou Edward Snowden lui ont valu d'être blacklistée par son propre pays. L'Américaine sort un nouveau film coup de poing sur le combat de la photographe Nan Goldin face au scandale des opioïdes.

Au début des années 80, Nan Goldin a eu un amant qui la battait, et qui a choisi, un jour, de s'attaquer directement à ce qui l'atteindrait le plus, sa raison de vivre et son moyen de subsistance : il l'a frappée directement dans les yeux, détruisant « tous les os de [s]on plancher orbital ». Dans le documentaire que Laura Poitras, à son invitation, a tourné avec elle, il s'agit là d'un « biographème » qui glisse le long d'autres commentaires de photos de l'époque.

Avec sa trilogie "My Country, My Country" (2006), "The Oath" (2010) et "Citizenfour" (2014), Laura Poitras a porté une virulente critique à la réponse autoritaire et martiale du pouvoir américain au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Elle s'est méthodiquement attaquée à la guerre d'occupation en Irak, à l'illégalité de la prison de Guantanamo, puis à la surveillance de masse révélée par Edward Snowden. Oscarisé en 2015, "Citizenfour" chevauche un autre documentaire, "Risk" (2016), plus contrasté, consacré à WikiLeaks et à la personnalité controversée de Julian Assange.

Dans "Variety" de Bette Gordon, film de 1983 qui ressort ce mois-ci après sa projection au Festival Lumière, Nan Goldin incarne une serveuse du Tin Pan Ailey, bar mythique de Times Square où elle était employée au début des années 80, quand elle entamait son travail de photographe et la réalisation de "The Ballad of Sexual Dependency". Cinéphile obsessionnelle, elle raconte son rapport à la communauté de cinéastes new-yorkais de l'époque et l'importance du cinéma dans son travail de photographe, amour renouvelé par une activité de programmation.

Dans un documentaire qui a reçu le lion d'or à Venise, Laura Poitras fait le portrait de la photographe Nan Goldin, combattante inlassable d'une Amérique viciée.

Après Snowden et Assange, elle tourne sa caméra vers un autre poil à gratter de l'Amérique : Nan Goldin. Avec en ligne de mire, la crise des opiacés qui secoue les États-Unis depuis plus de vingt ans.