A propos de "La Revanche des passions. Métamorphose de la violence et crises du politique" de Pierre Hassner. Ce livre ouvre la piste grecque du politique (les Athéniens de Thucydide évoquent trois passions politiques - l'avidité, la peur et l'honneur - et la phronesis au sens du discernement qui passe par le logos) pour répondre à la violence des passions les plus contemporaines. Mais il valorise aussi l'idée d'un "universalisme pluriel" (Merleau-Ponty parlait d'un universalisme latéral) tout en invitant à proposer des "synthèses contradictoires".

L'Etat-providence et l'Etat guerrier sont aujourd'hui en crise, car la cohérence de l'Etat, dans ses diverses composantes, n'apparaît plus ; dès lors, dans les Etats ″anciens″, la tentation est grande de se replier sur un territoire ou une communauté, et, là où de nouveaux Etats se créent, ils peinent à se construire et à affirmer leur légitimité.

La guerre se présente sous de nouveaux habits. Elle s'appelle "humanitaire", "préemptive" ou encore " contre le terrorisme", autant de notion en délicatesse avec le droit international.

Comment faire la paix ? A cette interrogation dont l'actualité est éclatante en ex-Yougoslavie, en Irlande et au Proche-Orient répond une autre question que le débat sur les essais nucléaires a relancée : comment faire la guerre - cette guerre à laquelle on prédit aujourd'hui "un bel avenir" ?

Après huit ans de résistance non violente, le Kosovo est soumis aux exactions, prévisibles et annoncées depuis longtemps dans la plus grande indifférence, des troupes paramilitaires serbes...

La guerre dans les Balkans a donné une tournure amère aux espoirs qu'avait suscités l'ouverture de 1989. Même si la guerre crédibilise le scénario d'une Europe de la défense, il semble qu'un nouveau fossé se creuse entre l'Union européenne et l'"autre Europe".

A propos de l'ouvrage de Pierre Hassner, "La Terreur et l'empire".