Lors d'un colloque organisé en 2002 par la Società Italiana per lo Studio della Storia Contemporanea (Sissco), l'historien de la Révolution Paolo Viola (1948-2005) avait déjà traité la question du regard des Italiens sur la France. Mais son propos était plus général : il s'agissait de dresser un bilan historique des sentiments politiques des Italiens vis-à-vis de la France. Si le mot de passion ne figurait pas, semble-t-il, dans son texte, c'était néanmoins de passions qu'il parlait, en fait d'amour et de haine, de haine et d'amour.

A bien des égards, l'historiographie italienne a considéré la Quatrième République comme une sorte de miroir où la République italienne a pu se refléter, aussi bien sur le plan des institutions que des forces politiques. Mais de quel type de miroir s'agit-il ?

La France des années sombres pose encore ainsi de nombreuses questions aux historiens italiens, dont la dernière n'est pas celle de comprendre comment les tentations totalitaires peuvent surgir des crises de la démocratie et combien elles apparaissent liées à la dialectique de la modernité.

Les historiens italiens n'ont commencé à traiter de la Ve République que dans les années 1990. Dans leur cas, ce qui joue contre l'étude historique de cette République tient surtout à des facteurs politiques et culturels : hommes politiques et universitaires sont réunis par une certaine incompréhension, voire hostilité, envers la Ve République.

Cette enquête révèle que l'intérêt des chercheurs italiens se concentre sur l'histoire de la France de la période révolutionnaire ou sur le long XIXe siècle, tandis que, pour le XXe siècle, les sujets de recherche privilégiés portent sur la période postérieure à 1945. Les travaux d'histoire sociale et culturelle du politique et ceux en cours sur la période 1900-1940 ne sont que peu nombreux.