Au début de l'année 1994, la démocratie mexicaine a dû faire face à une insurrection dans l'Etat méridional du Chiapas. Le système féodal du contrôle des terres a réveillé la rancoeur des paysans mayas.

C'est la rencontre entre deux figures, deux légendes, deux monstres sacrés. Entre le plus mystérieux des révolutionnaires et l'écrivain le plus illustre du continent sud-américain, prix Nobel de littérature, le courant passe.

A la veille de leurs pourparlers avec le gouvernement de Mexico, les zapatistes, confortés par des enquêtes neutres sur les excès de la répression, refusent toute idée d'amnistie pour les "assassins d'Etat".

Dans les montagnes du Chiapas, René Backmann a rencontré le chef des Indiens qui ont investi le 1er janvier la ville d'Ocosingo, obligeant le gouvernement mexicain, pour la première fois depuis quatre-vingts ans, à négocier avec une guérilla armée.

L'irruption des guérilleros mayas dans les villes de l'Etat du Chiapas rappelle aux technocrates de Mexico qu'à l'heure du grand marché nord-américain leur pays n'a pas encore vaincu le sous-développement.

Le sous-commandement estime que le temps de la lutte armée est révolu. Mais il lui reste à faire triompher son combat pour la dignité et l'autonomie des Indiens avant de devenir un politicien presque comme les autres.

Les grands projets de développement élaborés à Mexico prévoient surtout de faire du Chiapas un eldorado pour les multinationales. Après leur longue marche sur la capitale, les zapatistes de Marcos auront-ils les moyens d'empêcher la confiscation des terres indiennes ?