Célébré en Occident, Lion d'Or à Venise, le cinéaste Jia Zhang Ke brave son gouvernement et monter dans "Still Life" le vrai visage de la Chine contemporaine. Sans compromis.

Le cinéma tient peu de place dans la vie culturelle chinoise , déplore Jia Zhangke. Le public ne se reconnaît pas dans le cinéma d'auteur et le cinéma grand public est superficiel, explique le réalisateur

A « Touch of Sin », le nouveau film de Jia Zhangke, dresse un état des lieux inquiétant de la société chinoise, gangrénée par la violence. Rencontre entre son auteur et Olivier Assayas, fin connaisseur du cinéma asiatique.

En décernant son Lion d'or à Jia Zhangke pour "Still Life", après les Taiwainais Hou Hsiao-hsien ("Cité des douleurs") et Tsai Ming-liang ("Vive l'amour") et son compatriote de la cinquième génération Zhang Yimou ("Qiu Ju, une femme chinoise"), la Mostra de Venise a reconnu non seulement un grand cinéaste mais celui qui a su être le meilleur témoin des turbulances et des contradictions de la Chine contemporaine, et ce, dès ses débuts il y a dix ans avec "Xiao Wu, artisan pickpocket".

Jia Zhang-ke, dès la fin de ses études à l'Académie du cinéma de Beijing a choisi de ne pas être un salarié de l'Etat. Il confirme ainsi, film après film, son indépendance de jugement dans un pays où pourtant toute incartade fait problème.

Avec son quatrième film, le premier dont les projections soient autorisées dans son pays, Jia Zhangke poursuit sa brillante carrière d'auteur au sein d'une cinématographie qui semble en pleine mutation.

Tant qu'il y aura des quais de gare, on subira, comme on a vécu dans l'espoir, l'angoisse de l'abandon.

Avec régularité et obstination, Jia Zhang-ke creuse un sillon profond dans le cinéma chinois contemporain, approfondissant tout à la fois son style et sa thématique. Attentif depuis son premier film (″Xiao Wu artisan pickpocket″, en 1998) à la situation sociale, morale et économique de la Chine et aux mutations accélérées de son pays, il alterne désormais des oeuvres de fiction et des documentaires, en mêlant parfois les deux formes comme dans son film précédent, ″24 City″.

Avec « A Touch of Sin », le Chinois Jia Zhang-Ke surprend en invitant la violence dans son cinéma jusque-là très contemplatif. Explications.