Comparaison des points de vue véhiculés par les rédacteurs de deux revues juives du XIXe siècle, l'Allgemeine Zeitung des Judenthums et les Archives israélites de France. Alors que les différences d'idées ont souvent été soulignées entre les auteurs des deux côtés du Rhin, le livre en souligne au contraire les convergences et les similitudes. ©Electre 2016

Historien, l'auteur tente de mettre en lumière les ressorts de la formation d'une conscience nationale juive et de la constitution d'une nation homogène, partageant la même vision de l'histoire. Il explique que ce défi a pu être relevé grâce à l'école, aux cérémonies commémoratives, aux lieux de mémoire et aux programmes télévisés.

Issu d'une famille de Juifs polonais de Cracovie qui, au cours du XXe siècle, s'est dispersée à travers le monde, l'auteur remonte sa lignée jusqu'au quartier de Kazimierz, où son arrière-grand-père était rabbin. Avec sa compagne Laurence, il se rend sur place et, troublé, ressent une proximité avec les lieux, devinant les vies entremêlées de ses aïeux. Une réflexion sur la transmission. Antoine Silber vit entre Paris et la Grèce. Il a publié Les Cyprès de Patmos (2014) et Ton père pour la vie (2015) aux éditions Arléa.

«Pour nous qui venions à peine d'avoir l'âge de raison en ces jours d'humiliation, ces années de jeunesse ont à jamais marqué notre vie et c'est pourquoi nous sommes fiers de l'injure qu'on nous lançait comme un opprobre : oui, nous sommes des juifs indigènes algériens... Et après ? Vous n'aurez pas notre coeur contre un certificat de nationalité dont vous vous servez comme d'un couperet de guillotine.» Diffusées clandestinement durant la guerre d'indépendance, ces lignes ont été écrites en 1957 par des juifs algériens qui, nés citoyens français vers 1930, déchus de la citoyenneté française durant trois années et exclus de l'école sous Vichy, sont devenus des militants communistes algériens après la Seconde Guerre mondiale avant de rejoindre le FLN en 1956. De l'entre-deux-guerres à l'indépendance de l'Algérie, une petite minorité de juifs issus de familles autochtones ont suivi des trajectoires comparables, les déplaçant en quelques années des projets sociaux ordinaires de leurs parents - faire de leurs enfants de bons Français plus ou moins juifs - vers le projet politique inouï de s'affirmer Algériens. Bouleversant l'ordre du monde colonial par leurs prises de position politiques, par leurs sociabilités transgressives et jusque dans leur intimité affective, ces hommes et ces femmes ont engagé leur vie pour une Algérie décolonisée et socialiste dont ils seraient citoyens, participant pleinement - mais non sans difficultés dans leur confrontation avec le nationalisme algérien dominant - au mouvement national, aux épreuves de la clandestinité et de la répression durant la guerre d'indépendance, et aux premières années de construction de l'Algérie indépendante.