Le 22 mai 1370, plusieurs juifs sont brûlés vifs à Bruxelles. Le reste de la communauté, déjà fortement diminuée, est banni du duché de Brabant. Cet évènement sonne le glas de la présence juive et met un point final à un mouvement d'expulsion qui avait déjà initié en 1261, mais qui était dans un premier temps resté lettre morte. Le duc de Brabant, Henri III, avait formulé dans son testament sa volonté de voir bannir - parmi d'autres - les "usuriers juifs". Que s'est-il donc passé durant ces 109 années qui séparent le testament d'Henri III et la disparition des derniers juifs du Brabant ?

L'horreur des attentats du 7 octobre en Israël, l'horreur des attaques qui ont suivi à Gaza, l'horreur de la montée de l'antisémitisme en France et en Europe : Joann Sfar et Delphine Horvilleur ont eu recours au dessin et à l'écriture pour dire, affronter, penser ces tragédies. Avec leurs livres respectifs - "Nous vivrons" et "Comment ça va pas ?" -, chacun·e cherche à renouer le dialogue entre les peuples. Nous les avons rêuni·es pour un entretien croisé quelques semaines avant l'attaque de l'Iran sur Israël.

Depuis près de deux mille ans, dans le monde chrétien comme en terre d’Islam, sous maintes formes, les Juifs ont connu l’oppression. Mais celle-ci n’a rien d’universel ni de permanent. Toujours ses différentes déclinaisons se sont rapportées à un contexte. Au XIXe siècle explique l’historien Henry Laurens, l’antisémitisme fait ainsi converger « l’antijudaïsme traditionnel (…), le malaise des chrétiens devant l’affirmation de la société laïque, l’émergence des nationalismes et la généralisation de l’interprétation raciale de l’histoire ». Et aujourd’hui ? Sommaire. Deux mille ans de solitude.