Les historiens d'art Marie-Laure Bernadac et Bernard Marcadé, commissaires de la mémorable exposition "Féminin-Masculin, le sexe de l'art" au Centre Pompidou, en 1995, relèvent un nouveau défi : cette fois pour le Centre Pompidou-Metz ("Lacan, l'exposition. Quand l'art rencontre la psychanalyse", 31 décembre 2023-27 mai 2024) et en collaboration avec deux psychanalystes, Gérard Wajcman et Paz Corona, ils proposent une traversée de l'oeuvre de Jacques Lacan (1901-1981). Héritier de Freud, celui-ci n'en a pas moins bouleversé la pensée moderne.

Comment une oeuvre surréaliste a-t-elle fini par occulter le manifeste du réalisme pictural ? Quels aléas de l'histoire ont conduit à associer le nom d'André Masson à celui de Gustave Courbet, à faire d'un panneau aux relents littéraires et mythologiques le cache destiné à dissimuler "L'Origine du monde" (1866) ? En ce mois de mai 2024, les visiteurs du Centre Pompidou-Metz pourront voir encore pour quelques semaines cette huile sur bois de 44 x 66 cm commandée à Masson par ses amis Jacques et Sylvia Lacan. Elle figure dans "Lacan, l'exposition", qui ferme ses portes le 27 mai 2024.

Il a été analysant de Lacan, l'un de ses plus proches élèves et le passeur fidèle et intransigeant de sa pensée. Portrait d'un psychanalyste engagé, aux théories parfois controversées, qui s'est soucié jusqu'à sa mort, en octobre dernier, de ses patients, de ses élèves et de l'avenir de la psychanalyse.

Contemporain des surréalistes, il fréquenta Salvador Dali. Amateur de burlesque, il vénéra Harpo Marx. Amateur d'art, collectionneur de peintures, fumeur de cigares, amuseur public, grand lecteur, féru de littérature chinoise comme de topologie mathématique, décidément inclassable, Jacques Lacan (1901-1981) fut à la fois raillé et admiré mais trop rarement compris. Sommaire. Quand la psychanalyse s'expose au musée. Pourquoi des écrivains ? Les dépossédées. A propos du style gongorique de Jacques Lacan.