Ebranlé par la crise, isolé au sein du CAC 40, voici Arnaud Lagardère devenu la cible d'un prédateur. Même s'il ne semble pas sérieusement menacé, le statu quo est de plus en plus intenable pour un héritier dont la stratégie, depuis sept ans, reste illisible.

La vidéo qui a fait jaser Internet, cet été, a ravivé son image de dilettante: le patron du groupe de médias et actionnaire d'EADS inquiète. Sa stratégie de dépeçage de pans entiers d'activité désoriente les marchés, ses résultats déçoivent. Et l'homme paraît de plus en plus isolé.

Arnaud Lagardère prend la présidence du conseil d'administration du géant franco-allemand. Une lourde charge pour un dirigeant toujours décidé à sortir du capital et par ailleurs fragilisé.

Rares sont les scandales industriels et financiers aussi prévisibles et aussi peu annoncés.. A ceci prés que, dans l'affaire EADS-Lagardère, où se situe le scandale principal ?

Sourire de jeune premier, allure sportive, l'héritier de l'empire Lagardère n'a pas le profil d'un capitaine d'industrie chevronné. Il a pourtant repris les rênes du groupe à la mort de son père, gouvernant d'une main plus ferme que prévu ce conglomérat qui réunit Hachette et Airbus. Avec la reprise d'Editis, il devient le numéro un français de l'édition et passe son premier vrai test de patron, sous l'oeil attentif des banquiers et de l'Etat. Portrait.

Trois ans après la mort de son père, et une succession de revers, l'héritier, protégé par son statut de gérant commandité, déploie enfin sa stratégie personnelle.

L'héritier du groupe Lagardère a réduit ses participations dans l'industrie pour jouer davantage la carte des médias et du business sportif.

Crise à EADS, soupçons de délits d'initié, menaces de grève dans son groupe de presse, le trône d'Arnaud Lagardère vacille. Même s'il sort blanchi des accusations de fraude boursière, l'actionnaire de référence d'Airbus est lâché par ses pairs et victime du devoir d'ingratitude de son ancien "ami" Nicolas Sarkozy.

L'attaque d'un investisseur américain révèle la situation fragile de l'héritier du groupe Lagardère, qui s'est massivement endetté pour renforcer son contrôle. Il n'est pas sûr qu'Arnaud Lagardère puisse compter sur le plein appui de l'establisment bancaire et politique.

La vidéo de l'homme d'affaires s'exhibant avec un jeune mannequin relance les interrogations sur la capacité de l'héritier à gérer un groupe de 30 000 salariés.

En dix ans, Arnaud Lagardère a vendu ou abandonné une grande partie de ce que son père adorait. Des haras à la presse et à l'aéronautique. Odile Benyahia-Kouider raconte comment cet héritier trop gâté n'a jamais réussi à chausser les bottes de son charismatique prédécesseur. Au point que les cadres de sa société n'ont plus qu'une angoisse : que leur empire ne parvienne pas à se remettre de cette grande braderie.