C'était il y a moins de vingt-cinq ans. Les magazines étaient encore florissants et Hachette Filipacchi, propriété de Jean-Luc Lagardère, l'un des plus grands groupes de presse au monde. Aux commandes, Daniel Filipacchi, qui a étendu l'empire outre-Atlantique. Jusqu'à s'offrir, en septembre 1995, l'un des enfants chéris des Etats-Unis : John-John Kennedy, le fils du président assassiné. Ensemble, ils lancent "George", un magazine glamour mêlant politique et pop culture. Ephémère, l'aventure reste le symbole d'une entreprise où tout semblait possible.

En apportant sa participation dans Dassault et en organisant le rapprochement avec le groupe de Lagardère, le gouvernement a hissé Aerospatiale au cinquième rang mondial des entreprises de défense...

En offrant Aerosptiale au patron de Matra, Lionel Jospin a réalisé son objectif : créer le premier groupe de défense européen...

Pendant la campagne, les manoeuvres continuent. Lagardère s'associe avec Daimler-Benz et British Aerospace pour devenir le pivot de l'industrie de défense européenne...

Derrière le procès en diffamation intenté au grand quotidien par le patron de Matra, d'Hachette et bientôt, peut-être, de Thomson, deux grandes questions : la presse peut-elle rester indépendante malgré les investissements industriels dont elle a besoin ? L'investigation menace-t-elle la sérénité d'un grand journal ?

Pendant trente ans, le patron de Matra a rêvé d'être un constructeur de voitures. Mais ses priorités, désormais, sont ailleurs. Il arrête la confidentielle Avantime lancée avec Renault.

La succession de celui qui a commencé comme petit ingénieur chez Dassault pour devenir un géant de l'aéronautique et de la défense et le numéro un de la communication en France semblé réglée. A Arnaud désormais de prendre le relais. En menant sa propre stratégie.

Face aux offres des deux consortiums financiers anglo-saxons pour reprendre le fleuron français de l'édition Vivendi Universal Publishing, le groupe Hachette agite le drapeau tricolore ainsi que ses réseaux.

En dix ans, Arnaud Lagardère a vendu ou abandonné une grande partie de ce que son père adorait. Des haras à la presse et à l'aéronautique. Odile Benyahia-Kouider raconte comment cet héritier trop gâté n'a jamais réussi à chausser les bottes de son charismatique prédécesseur. Au point que les cadres de sa société n'ont plus qu'une angoisse : que leur empire ne parvienne pas à se remettre de cette grande braderie.